Comme chaque année, la DREES a publié une vaste étude globale sur les dépenses de santé pour l’année 2020. Cette édition est certes marquée par la crise sanitaire du coronavirus, même si elle permet également de dégager certaines tendances notamment pour les chirurgiens-dentistes. Ces tendances se confirmeront-elles dans les années à venir ?
La consommation de soins en 2020, une santé bouleversée par la crise
Depuis le début de l’année 2020, et l’apparition de la crise sanitaire, de nombreuses études, le plus souvent menées par l’Assurance Maladie, ont souligné l’impact de cette dernière sur le budget de la Santé. En ce mois de septembre 2021, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié son analyse globale sur la consommation de soins et de bien médicaux (CSBM) pour l’année 2020. Les résultats de celle-ci confirment les tendances déjà dégagées, en en amplifiant parfois les conséquences. De manière générale, bien que son évolution soit moins importante qu’en 2019 (+ 2 %), cette CSBM a stagné l’année dernière (+ 0.2 %) masquant des réalités bien différentes selon les professionnels de santé concernés. Si les soins de ville ont connu un net recul de leur activité, le système de santé, dans son ensemble, a dû faire face à des dépenses exceptionnelles (masques, aides financières aux professionnels libéraux de santé, tests de dépistage, …).
Pour les chirurgiens-dentistes, la DREES confirme l’effondrement de l’activité en 2020 par rapport à 2019 tant en valeur (-8.9 %) qu’en volume (-9.7 %). Evalués à 10.9 milliards d’euros pour l’année dernière, cette consommation de soins et de biens pour la santé bucco-dentaire se caractérise par une importante fluctuation tout au long de l’année (-94 % en avril, date du 1er confinement, + 9.6 % entre juin et août lors du déconfinement, ….). Ce recul conséquent de l’activité des dentistes en France contraste avec la tendance dégagée depuis le début des années 2010 (+1.5 % de croissance en moyenne chaque année).
Le DIPA, un sujet de discorde et un élément faussant les analyses ?
Dans cette analyse globale, les chercheurs de la DREES ont pris en compte les différentes aides versées aux professionnels libéraux de santé, durement impactés par la crise. Le Dispositif d’Indemnisation liée à la Perte d’Activité (DIPA) est ainsi comptabilisé dans cette évaluation. Et les montants versés aux chirurgiens-dentistes représentent 25 % des sommes totales allouées dans le cadre de ce dispositif. 362 millions d’euros ont ainsi été versés aux professionnels de la santé bucco-dentaire avec un montant moyen de 9769 € par dentiste. Dans ces conditions, on comprend mieux comment la demande de remboursement de ces aides par le gouvernement excède une grande partie des professionnels.
Mais cette publication de la DREES permet aussi de mieux comprendre l’activité des dentistes et de dégager des tendances pour les années à venir. Si les soins dentaires et de prothèses représentent 69.8 % de l’activité des chirurgiens-dentistes, l’orthodontie, elle, représente 10.8 % de leur activité, devant la radiologie (7.1 %) et la chirurgie (6.6 %) notamment.
Cette étude permet enfin de confirmer une tendance émergente depuis le milieu des années 2010. Si les centres de santé représentaient 9.1 % de l’activité des dentistes en France en 2015, ils constituent, en 2020, 12.7 % de cette activité. Le recul des cabinets libéraux de dentistes est proportionnel à cette montée en puissance des centres de santé (90.9 % pour le cabinet libéral en 2015 contre 87.3 % en 2020). Cette évolution lente mais continue se traduit également dans le statut même des chirurgiens-dentistes. Bien qu’il reste ultra majoritaire dans la profession (86.5 % en 2020), le statut libéral attire désormais moins les professionnels (+0.7 % en 2020) que le statut de dentiste salarié (+ 9.6 %).
Et vous, que retiendrez-vous de cette étude de la DREES ? Estimez-vous, que les tendances dégagées au cours de cette année si particulière vont se confirmer à court et moyen terme ?
Partager un commentaire