Sans évoquer la peur du dentiste que peuvent ressentir de nombreux patients, force est de constater, que plusieurs déclarations récentes ont jeté le trouble dans la profession en pointant du doigt toute une profession (les chirurgiens-dentistes) en raison du comportement condamnable d’une infime minorité.
Les chirurgiens-dentistes, les victimes d’une politique anti-fraude ?
Chaque année, l’Assurance Maladie dévoile le résultat de ses multiples politiques de contrôle des professionnels de santé et des assurés sociaux. Depuis plusieurs années, la lutte contre la fraude et les pratiques abusives fait partie des priorités de l’Assurance Maladie. Si la crise sanitaire du coronavirus a entraîné un très fort ralentissement de ces fraudes en 2020 et en 2021 (l’Assurance Maladie a également souligné que cette crise sanitaire a réduit de manière significative les moyens consacrés à cette lutte, les agents spécialisés en la matière étant redéployés pour faire face à l’urgence de la situation), l’Assurance Maladie souligne que ces agissements coupables sont repartis à la hausse en 2022.
C’est ce qu’a détaillé le directeur général de l’Assurance Maladie, M Thomas Fatôme, lors de la présentation du rapport 2022 publié le 09 mars dernier. En 2022, l’Assurance Maladie a détecté 315 millions d’euros de fraudes, et dans la présentation du rapport, les spécialistes de l’Assurance Maladie soulignent que les professionnels de santé restent, encore cette année, les principaux responsables. Le directeur de l’Assurance Maladie souligne la contribution significative des centres dentaires et des centres ophtalmologiques. N’est-ce pas jeter le discrédit sur ces professions en les pointant ainsi du doigt ?
La profession est-elle stigmatisée et considérée comme des fraudeurs en puissance ?
Pourtant, les syndicats représentatifs de la profession rejoignent les nuances apportées par M Fatôme en personne. Ces 315 millions de fraude sont à relativiser au regard du budget de la Sécurité Sociale pour l’année 2022 : 230 milliards d’euros. Pour le directeur de l’assurance maladie, « l’immense majorité des assurés et des professionnels respectent les règles du jeu« . Pourtant dans l’opinion publique, cette partie du discours reste inaudible, puisque l’on se souvient prioritairement de cette désignation préalable des coupables présumés. En d’autres termes, l’opinion publique retiendra que les chirurgiens-dentistes figurent parmi les professionnels de santé, fraudant le plus.
Ce ressenti vient s’ajouter à une vision tronquée de la réalité. On se souvient des débats passionnés, qui ont encadré l’adoption d’une nouvelle législation relative aux centres dentaires. Quelques scandales avaient jeté l’opprobre sur ces derniers, et en voulant légiférer, le gouvernement avait détaillé ces pratiques coupables comme étant « courantes et connues ». Pour une grande majorité de citoyens, on ne parlait plus alors des centres dentaires mais bien d’une profession, celle des chirurgiens-dentistes. Une profession, qui n’a jamais eu bonne presse, il suffit d’évoquer la stomatophobie pour en prendre pleinement conscience.
Tout comme les propos rassurants de M Fatôme n’ont pas été assez entendus, les déclarations de Michaël Moyal, président de l’Union des centres de santé dentaire (UCSD) n’ont pas été relayés comme ils auraient dû l’être : « Les abus intolérables d’une minorité ne doivent pas jeter l’opprobre sur l’offre de soins dispensée par les centres de santé dentaires »
Dans ces conditions, comment s’étonner que les Françaises et les Français aient une impression défavorable vis-à-vis des chirurgiens-dentistes ? La profession a beau se mobiliser, il apparait difficile de lutter contre de tels préjugés.
Et vous, ressentez-vous aussi ce sentiment de défiance des citoyens face à ces déclarations successives remettant en cause l’honnêteté de toute une profession ? Comment peut-on changer cette image des chirurgiens-dentistes ?
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