Prise en charge des soins dentaires, des inégalités persistantes ?

Prise en charge des soins dentaires, des inégalités persistantes ?

Un des objectifs des autorités sanitaires consiste à garantir l’accessibilité des soins pour tous. Pour cela, des dispositifs ont été mis en place pour venir en aide aux patients les plus défavorisés. Mais est-ce plus difficile d’obtenir un rendez-vous chez le dentiste ou chez un autre professionnel de santé quand on est bénéficiaire d’une Complémentaire Santé Solidaire ?

CSS ou panier 100 % Santé, le niveau de remboursement et les soins dentaires !

Cela fait partie des idées reçues, qui ont la dent dure : les professionnels de santé seraient moins enclins à prodiguer les soins auprès des plus précaires. C’est pourtant contraire à leur code de déontologie, et des chirurgiens-dentistes aux médecins spécialistes, ces professionnels s’engagent à soigner tous les patients. C’est aussi ce que l’on peut comprendre à la lecture attentive de la 4ème édition du Rapport sur les inégalités en France. Depuis 2015, l’Observatoire des inégalités dresse un bilan régulier de la situation, notamment en ce qui concerne le domaine de la santé en général et de la santé bucco-dentaire en particulier. Si des inégalités entre les Français sont constatées dans le domaine de la santé, c’est principalement en raison du mode de vie et du travail de chacun. L’espérance de vie en est un indicateur incontestable, et l’écart de 3.2 ans entre une femme cadre supérieure et une femme ouvrière souligne cette réalité. En revanche, en matière de soins, le rapport souligne l’accessibilité des professionnels de santé, dont les chirurgiens-dentistes, à l’ensemble de la population. Et l’étude souligne, que cette accessibilité aux soins est moins déterminante que le mode de vie et le travail sur la santé des Françaises et des Français.

Des dispositifs ont été créés au fil des années, pour garantir ce droit de l’accès aux soins. La complémentaire santé solidaire (CSS) remplace depuis la fin 2019 la Couverture Maladie Universelle Complémentaire (CMU-C). Le panier santé ambitionne un reste à charge nul pour plusieurs types d’appareillages dont les soins bucco-dentaires. Si tous ces dispositifs sont destinés réduire les inégalités entre les patients, le rapport s’est attaché à étudier la réalité de l’application de ces mesures.

La CSS, un facteur discriminant pour prendre rendez-vous chez le dentiste !

Pour mesurer la réalité du terrain, l’Observatoire des inégalités s’est appuyé sur une étude de testing, réalisée par le Défenseur des droits en 2019. Il s’agissait donc de mesurer si les professionnels de santé « sélectionnaient » leurs patients en se basant sur cette complémentaire santé solidaire. Et le constat est sans appel. 42 % des patients bénéficiaires de la CSS n’ont pas réussi à obtenir un rendez-vous (non urgent) chez un médecin spécialiste contre 30 % des patients avec une mutuelle conventionnelle, soit un écart de 12 points. L’écart bondit à 15 points pour les psychiatres. Pour les chirurgiens-dentistes, cet écart a été évalué à 9 points. Les responsables de cette étude émettent deux grandes hypothèses quant à ce constat :

  • Les préjugés des professionnels de santé vis-à-vis des bénéficiaires d’une CSS,
  • La complexité des démarches administratives pour obtenir le remboursement des soins,

Les chirurgiens-dentistes, des professionnels de santé plus engagés et mobilisés !

Même si on constate un écart chez les chirurgiens-dentistes, force est de constater qu’il est l’un des plus faibles parmi l’ensemble des professionnels de santé. Et ces professionnels se sont également engagés pour appliquer les mesures prises par le gouvernement et appliquées progressivement depuis 2019 : le panier 100 % santé. Contrairement aux opticiens et aux audio-prothésistes, les chirurgiens-dentistes se sont massivement impliqués dans cette stratégie de santé publique. Ainsi en 2020, plus de la moitié des prothèses dentaires (52 % exactement) faisait partie du panier 100 % Santé.

Bien évidemment, la prise en charge des soins dentaires aux patients les plus précaires peut encore être améliorée et optimisée, mais on peut déjà souligner que la profession a répondu présent pour aider les autorités sanitaires à concrétiser cette ambition.

Et vous, estimez-vous « discriminer » les titulaires d’une CSS ? Comment expliquez-vous cet écart dans la prise en charge de ces patients ? Plus globalement, quelles mesures seraient, selon vous, prometteuses pour garantir accessibilité et égalité de l’accès aux soins pour tous ?

Partager un commentaire

1 Commentaire

Commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.