Chirurgien-dentiste et chef d’entreprise, une mission trop difficile ?

Chirurgien-dentiste et chef d’entreprise, une mission trop difficile ?

S’installer en tant que chirurgien-dentiste libéral revient à créer sa propre entreprise. Mais les chirurgiens-dentistes sont-ils formés à cette réalité ? La charge de travail n’est-elle pas trop importante ? Les débats sont ouverts.

Devenir chirurgien-dentiste, le début d’une carrière d’entrepreneur

En obtenant le diplôme d’Etat de docteur en chirurgie dentaire, le jeune professionnel de santé entend pouvoir se consacrer pleinement à son art. Cependant, même si des évolutions se font sentir depuis quelques années, la grande majorité de ces jeunes diplômés va exercer sous la forme libérale. Ainsi, dans la dernière édition de sa Démographie des chirurgiens-dentistes : Etat des lieux et perspectives (Novembre 2021), l’Observatoire National de la démographie des professions de santé (ONDS) souligne que 79 % des professionnels de la santé bucco-dentaire exercent en tant que chirurgien-dentiste libéral. Certes, l’exercice salarié a tendance à progresser ces dernières années, mais dans la grande majorité des cas, le professionnel de santé va donc prendre la décision de créer ou reprendre une entreprise pour pouvoir exercer.

Bien qu’il existe de multiples statuts juridiques différents pour concrétiser cette ambition, tous les chirurgiens-dentistes libéraux endossent donc la casquette d’entrepreneur avant même de pouvoir travailler. C’est une décision, à laquelle ils n’ont pas été (suffisamment) formés ni même informés, et qui va impacter leur quotidien d’une façon plus ou moins importante.

Concilier qualité des soins et optimisation de la gestion, un double objectif pour réussir !

Le chirurgien-dentiste libéral ou salarié doit avant tout dispenser ses soins à ses patientes et à ses patients, en respectant les prescriptions du Code de la Santé Publique et du Code de déontologie. Cela implique notamment la nécessité de se former en continu pour rester à la pointe des connaissances et être informé des dernières innovations. Mais cet aspect purement médical ne concentre qu’une partie du quotidien de ces professionnels de santé. Ainsi, en se lançant dans l’aventure du libéral, le chirurgien-dentiste doit faire face à 3 missions principales, qu’il doit pouvoir mener de front :

  1. Sa mission de praticien concentre toute son attention
  2. Il doit aussi se révéler être un bon gestionnaire et chef d’entreprise, puisqu’il décide des investissements à réaliser, de l’organisation à adopter, ….
  3. Enfin, il doit s’imposer comme un manager confirmé, en pilotant l’équipe dont il s’est entourée (secrétaire médicale, assistante dentaire, … )

Ces 3 aspects du quotidien d’un chirurgien-dentiste libéral demeurent indissociables, puisqu’ils doivent être menés de front. En d’autres termes, garantir des soins de qualité à l’ensemble de ses patients ne suffit pas à garantir la rentabilité (et donc la pérennité) du cabinet dentaire.

Un aspect managérial mis en avant ou un retour aux fondamentaux de la profession ?  

Cette triple pression -chacune des missions du professionnel de santé implique stress et difficultés – explique en partie l’ambition des plus jeunes générations. Souhaitant se consacrer pleinement à leur exercice professionnel, de plus en plus de chirurgiens-dentistes décident de se lancer dans la voie du salariat, en refusant des agendas surchargés, caractéristiques de la profession pendant des décennies.

D’un autre côté, les jeunes diplômés décidés à devenir indépendant sont également plus nombreux à se former à toutes les facettes de la gestion d’entreprise (gestion, comptabilité, communication, ressources humaines, …). Cependant, alors qu’une des priorités des autorités publiques consiste à « libérer du temps médical » (principalement pour lutter contre les déserts médicaux), les incitations à se consacrer exclusivement au « travail clinique » se multiplient sous de multiples formes.

Se dirige-t-on vers une transformation du modèle d’organisation des soins de ville ? Certains le redoutent, alors que d’autres le souhaitent.  Toujours est-il que le débat est lancé, et que le gouvernement devra apporter des réponses aux tenants de chaque camp.

Et vous, pensez-vous que l’on vive une période de transition, devant conduire à une fin de la suprématie de l’exercice libéral ? Estimez-vous que les chirurgiens-dentistes devraient être mieux formés pour cet aspect de gestion d’entreprise, qui les attend ?

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