Privatisation de la santé, une menace ou une opportunité à organiser ?

Privatisation de la santé, une menace ou une opportunité à organiser ?

Les médias, mais aussi certains acteurs du Soin en France, évoquent une accélération de la privatisation de la santé en France. Les chirurgiens-dentistes libéraux ou salariés sont concernés au même titre que les autres soignants. Mais de quoi parle-t-on vraiment ?

Devenir chirurgien-dentiste libéral, une ambition encadrée par la …. déontologie

Traditionnellement, les étudiants en odontologie choisissent, pour une grande majorité d’entre-eux, de s’installer en tant que chirurgien-dentiste libéral. En effet, les chirurgiens-dentistes libéraux représentent à peu près 80 % des effectifs de la profession, même s’il faut noter que cette tendance connait un infléchissement depuis plusieurs années. Ainsi, on enregistre, depuis le début des années 2010, une hausse continue du salariat au sein même de la profession, et une augmentation des chirurgiens-dentistes conciliant exercice libéral et salariat (exercice mixte). La Direction de la Recherche, des Études, de l’Evaluation et des Statistiques (Drees) souligne que ces évolutions sont principalement liées à un changement de génération, puisque 42 % des chirurgiens-dentistes « mixtes » ont moins de 40 ans. Cela ne signifie aucunement, que les chirurgiens-dentistes sont plus nombreux à l’hôpital, puisque cette hausse du salariat concerne principalement les établissements non hospitaliers. Il faut dire que ces centres de santé ont connu une forte hausse avec un doublement en une dizaine d’années, passant de 3500 en 2012 à 7600 en 2021.

Ce phénomène n’est pas propre à la profession de chirurgien-dentiste, puisque bien d’autres professions de santé sont concernées par cette évolution de l’organisation des soins en France. Certains dénoncent à cette occasion une « privatisation de l’offre de soins », un constat partagé par certains chirurgiens-dentistes libéraux et/ou salariés.

La privatisation de la santé en France, une menace pour la profession de chirurgien-dentiste ?

Dans l’imaginaire collectif, l’organisation des soins en-dehors de l’hôpital relève d’une certaine forme de privatisation, alors même que la médecine de ville, comme les chirurgiens-dentistes libéraux, répondent aux enjeux posés par le code de la santé publique et encadrés par les codes de déontologie de chacune des professions concernées. Ces derniers mois, lorsque des professionnels de santé évoquent cette privatisation, ils dénoncent la mainmise de certaines entreprises privées sur des pans entiers de notre offre de soins. On a déjà beaucoup écrit et lu sur les centres dentaires, mais les questionnements relatifs à ces établissements d’un nouveau genre se posent également en ce qui concerne la médecine générale ou les soins primaires.  Le statut du professionnel de santé (chirurgien-dentiste libéral ou salarié par exemple) ne constitue aucunement un problème en soi mais interroge quant à l’avenir de notre système de santé.

Les centres de santé, y compris les centres dentaires, répondent à l’évolution des attentes des patients et plus généralement de la société. A une époque où la désertification médicale représente un problème majeur dans le pays, l’optimisation de l’emploi du temps des professionnels de santé constitue une réponse pertinente et adaptée. Mais cette tendance répond également à une autre évolution, celle des professionnels de santé eux-mêmes. En effet, les chirurgiens-dentistes comme les médecins ou les infirmières sont aujourd’hui plus qu’hier attachés à concilier leur exercice professionnel avec une certaine qualité de vie. L’exercice isolé n’est plus aujourd’hui le rêve qu’il a pu représenter pour les générations antérieures. Travailler comme chirurgien-dentiste salarié dans un centre dentaire peut alors constituer la voie privilégiée pour satisfaire à toutes ces exigences.

Bien évidemment, cette évolution lente mais continue de l’organisation de la santé en France doit être encadrée pour pouvoir répondre aux défis des années à venir (vieillissement de la population, hausse de la demande de soins,  …). C’est pourquoi, certains professionnels de santé soulignent les potentiels risques d’une telle évolution. Les médecins, par exemple, s’interrogent sur l’ambition de certaines entreprises, déjà présentes dans le secteur de l’hospitalisation privée, à devenir des acteurs en matière de soins primaires. Ils pointent du doigt la menace d’une captation de la patientèle de ces centres de santé vers les cliniques, gérées par la même entreprise. Il ne s’agit aucunement de s’opposer ou de vouloir limiter ces centres dentaires et autres centres de santé, mais bien d’organiser une nouvelle forme de gestion de l’offre de soins pour les années à venir. Nul doute, que cela fera partie des priorités du futur ministre de la Santé.

Et vous, pensez-vous que cette forme de « privatisation » va se renforcer dans les années à venir ? Selon vous, quelles sont ces règles à adopter pour sécuriser le système de santé en France ?

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