Bien que la crise sanitaire du coronavirus ait fortement perturbé le plein déploiement du « 100 % santé », les complémentaires de santé alertent désormais sur une dérive « dangereuse » du système. Les chirurgiens-dentistes sont appelés à nouveau à s’assoir à la table des négociations …
Le « 100 % Santé » et ses conséquences durables pour la santé bucco-dentaire ….
Au cours de son premier mandat, Emmanuel Macron, président de la République, ne tardait pas à officialiser une de ses promesses de campagne en organisant le « Reste à charge 0 » pour les soins essentiels en optique, prothèses auditives et en soins bucco-dentaires. Il aura fallu quelques années pour que le dispositif soit pleinement déployé et applicable partout en France. Aujourd’hui, les complémentaires santé, qui sont mises à contribution pour financer cette (r)évolution dans la prise en charge des soins en France, alertent sur certaines dérives du système.
La montée en puissance de ce « 100 % dentaire » a été perturbée par la crise sanitaire du coronavirus. Les restrictions liées au confinement et/ou au couvre-feu en 2020 principalement ont conduit à un recul de l’activité des chirurgiens-dentistes en France. Il était donc attendu, que 2021 soit une année de « rattrapage », devant permettre aux patientes et patients, ayant dû renoncer aux soins en raison du Covid, de retrouver le chemin de leur cabinet dentaire. Mais cet « effet de rattrapage » se prolonge et les complémentaires santé y devine une conséquence bien plus durable.
Les complémentaires santé alertent sur une dérive des dépenses
La part du dentaire dans les prises en charge des complémentaires est passé de 9 % en 2017 à 19 % en 2021. Dans le même temps, les prises en charge d’audioprothèses ont été multipliées par 4. Les mutuelles de santé soulignent que cette hausse des coûts avait été anticipées, mais que l’ampleur de cette augmentation avait été sous-estimée, d’autant plus que cette tendance reste de mise même en ce début d’année 2022. Ainsi, le RAC 0 en dentaire a encore augmenté de 6.4 % au 1er trimestre 2022. Cette dérive des dépenses met en péril l’existence même des complémentaires santé, comme le résume parfaitement M François Couton, directeur général délégué d’Harmonie Mutuelle :
« Nous voyons bien aujourd’hui que son impact sur les remboursements n’est pas tenable dans la durée »
Cette logique du « reste à charge zéro » et du « tout pris en charge » a naturellement impacté les dépenses de ces complémentaires, qui, dans le même temps, ont été sommées par le gouvernement de contenir les hausses de cotisation. Pour une grande partie de ces dernières, il faudra bien pourtant trouver des solutions de financement pérennes, puisque cette hausse conséquente ne peut plus aujourd’hui être justifiée par un effet de rattrapage ni par un effet de nouveauté du 100 % santé. Pour confirmer ce constat, les mutuelles soulignent que depuis 2021, la hausse des soins prothétiques est bien supérieure à celles des soins préventifs.
Enfin, les complémentaires soulignent que si elles ont, pour la majorité d’entre-elles, approuvé l’entrée en vigueur de ce nouveau dispositif, c’était en partie pour participer à la protection du pouvoir d’achat des Français. Or, la hausse des dépenses (et la dégradation du taux de redistribution de ces mutuelles) a conduit ces dernières à mettre fin aux « contrats à petits prix » , destinés aux patients les plus fragiles. Une autre dérive contre-productive du dispositif. Les complémentaires santé demandent, dans ces conditions, aux autorités publiques, d’ouvrir de nouvelles discussions réunissant les chirurgiens-dentistes, les autorités publiques et leurs représentants.
Et vous, quel a été l’impact du « 100 % santé » sur votre activité ? Estime-vous que cette réforme va impacter durablement l’activité des chirurgiens-dentistes ?
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