Les propositions pour lutter contre la pénurie de médecins se multiplient. Parmi celles-ci, une a fait réagir les chirurgiens-dentistes, puisque souhaitant solliciter ces derniers pour assurer les gardes médicales.
Les permanences de soins, une obligation pour les chirurgiens-dentistes et les autres soignants
Comme tous les professionnels de santé, les chirurgiens-dentistes libéraux se doivent de respecter les règles édictées par le code de la santé publique d’une part et leur propre code de déontologie d’autre part. La permanence des soins fait partie des obligations déontologiques de la profession. Accueillir les patients pour une urgence dentaire constitue un devoir, une obligation pour les chirurgiens-dentistes. L’article R. 4127-245 du code de la santé publique fait en effet obligation au chirurgien dentistes de « participer au service de garde ». Cette permanence des soins fait partie des sujets prioritaires pour le gouvernement, notamment en ce qui concerne l’accès aux médecins généralistes. Or, avec la généralisation de la désertification médicale, les patientes et patients ont de plus en plus de mal de trouver un médecin traitant. Alors lorsqu’il s’agit d’une urgence médicale, ces mêmes patients n’ont d’autre alternative que de se rendre aux urgences hospitalières, un service de soins que le gouvernement entend, là aussi, réformer en profondeur pour éviter la paralysie et l’asphyxie. Dans son projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 (PLFSS), le gouvernement avait donc introduit une proposition obligeant certaines professions de santé, dont les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes ou encore les infirmières, à assister les médecins dans cette obligation de permanence des soins.
Des gardes pour les chirurgiens-dentistes afin de pallier le manque de médecins ?
Cette proposition du gouvernement a au moins le mérite de clarifier la position des autorités publiques sur un sujet devenu ô combien brulant. Les professionnels de santé concernés devraient donc constituer une assistance pour pouvoir assurer un « service de garde de médecine générale ».
Philippe Vermesch, président du syndicat des médecins libéraux, expliquait ainsi : “Tout le monde sait aujourd’hui qu’on manque de médecins traitants et de médecins tout court dans certains territoires. Je ne vois pas pourquoi les infirmiers et d’autres professionnels, qui ont des compétences qui ont augmenté ces dernières années, ne pourraient pas servir de relais”. Bien évidemment, les autorités sanitaires ont précisé, que ces délégations seraient strictement encadrées, afin de permettre aux médecins généralistes de conserver le contrôle global du parcours de soin de chaque patient.
Si certaines professions, comme les infirmiers notamment, se félicitent de ce transfert de compétences, d’autres en revanche, comme les chirurgiens-dentistes, ont exprimé leur réticence, leur incompréhension voire leur colère. De nombreux chirurgiens-dentistes ont ainsi souligné que leur profession souffrait elle-même de cette désertification médicale, et que sur certains territoires, obtenir un rendez-vous auprès d’un dentiste pouvait être encore plus complexe qu’une prise de rendez-vous avec un médecin. Et la très grande majorité des chirurgiens-dentistes estime que cette nouvelle application n’est pas envisageable faute de compétences. Ainsi, Patrick Solera, le président de la Fédération des syndicats dentaires libéraux expliquait sa position aux journalistes d’Egora :
“Ce n’est pas dans nos compétences. Je vois mal un dentiste avec un stéthoscope autour du cou à faire des diagnostics. Ce serait du charlatanisme. Aucun chirurgien-dentiste ne pourrait soigner une urgence ophtalmique, orthopédique, gastrique…”,
Toujours est-il, que le sujet est sur la table et qu’il devrait faire partie des prochains débats organisés à l’occasion du CNR Santé. On pourrait donc revoir cette proposition revenir sur le devant de la scène au printemps de l’année prochaine …
Et vous comprenez-vous et acceptez-vous que les chirurgiens-dentistes soient sollicités pour assurer les gardes médicales ? Estimez-vous que le projet sera mené à terme dans les mois à venir ?
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J’ai été de garde un dimanche il y a quelques années pour les hauts de Seine. Beaucoup de rendez-vous des patients qui avaient mal depuis 1 mois jusqu’à 2 ans avec les difficultés de traiter et d’anesthésier (jusqu’a une heure) .Des patients qui ne sont pas revenus à leur nouveau Rdv bien sur sans avertir. Arrêtons de nous faire imposer plus de contraintes avec des tarifs du Béngladesh.