Les conditions de travail des chirurgiens-dentistes : une urgence à réagir !

Les conditions de travail des chirurgiens-dentistes : une urgence à réagir !

Le suicide d’un chirurgien-dentiste le 6 septembre dernier a mis en lumière le mal-être de toute une profession. Cette dernière espère que ce drame permette une véritable prise de conscience mais aussi une réaction pertinente et appropriée.

Devenir chirurgien-dentiste en 2023 : des conditions de travail dégradées ?

Comme toutes les autres professions de santé, les chirurgiens-dentistes ont vu leur manière d’exercer fortement évoluer ces dernières années. On a déjà souligné l’augmentation continue du nombre de chirurgiens-dentistes salariés, alors que traditionnellement devenir chirurgien-dentiste libéral constituait la voie très largement majoritaire pour les étudiants en odontologie. Au-delà du mode d’exercice, la profession a également dû intégrer les innombrables innovations, dont le rythme d’apparition ne cesse de s’accélérer, mais aussi la transformation numérique de la société (le domaine de la santé n’échappe pas à celle-ci).

A l’instar de bien d’autres professions de santé, les chirurgiens-dentistes dénoncent aussi, depuis plusieurs années, une dégradation significative de leurs conditions de travail. Et pourtant, les soignants, en règle générale, font partie des professionnels les plus impactés par les cas de burn-out ou épuisement professionnel. Depuis le milieu des années 1970, le nombre de cas de burn-out s’est envolé. Si tous les secteurs d’activité peuvent être concernés par cet épuisement physique et psychique, les métiers de la santé le sont davantage notamment en raison de la charge émotionnelle ressentie. Les chirurgiens-dentistes sont ainsi confrontés quotidiennement à la souffrance et à la douleur de leurs patientes et patients et de toutes les conséquences, qui peuvent en découler.

Un épuisement professionnel inquiétant pour une profession en souffrance ?  

Mais cette charge émotionnelle n’est pas la seule explication à cette dégradation. En effet, les chirurgiens-dentistes doivent aussi faire face à l’intensification de leur charge de travail. Si le manque de chirurgiens-dentistes – ces déserts médicaux et bucco-dentaires dont on parle tant aujourd’hui – est souvent abordé par la difficulté des patients à obtenir un rendez-vous avec leur dentiste dans un délai raisonnable, il n’est pas sans conséquence sur le quotidien (et le moral) des professionnels :

  • Cette pénurie de professionnels peut, dans certains endroits, alourdir de manière conséquente les emplois du temps de ces chirurgiens-dentistes, avec des horaires de travail devant être revus à la hausse,
  • Parce que certains territoires souffrent de ce manque de cabinets et centres dentaires, les chirurgiens-dentistes exerçant sur ceux-là sont, de plus en plus, à devoir refuser de nouveaux patients ou à proposer des rendez-vous avec plus de 6 mois voire un an de délai. Outre la colère que cela peut susciter chez les patients (et le chirurgien-dentiste voit alors sa charge émotionnelle se dégrader un peu plus), cette incapacité à satisfaire les demandes de soins est contraire à l’engagement pris par ces professionnels de santé (déontologie)

Enfin, cette dégradation des conditions de travail est encore aggravée, à en croire les revendications des soignants en général et des dentistes en particulier, par l’accroissement des contraintes administratives en tout genre. La « paperasse » et la « gestion administrative » sont ainsi souvent citées comme faisant partie des principales difficultés du quotidien.

Bien que trop souvent ignorée ou passée sou silence, cette dégradation des conditions de travail explique en partie le suicide d’un chirurgien-dentiste de 30 ans à Cahors le 6 septembre dernier. Pour expliquer son geste, le défunt a expliqué « ne plus supporter les conditions de travail au quotidien et la pression’ vécue ». Toute la profession ne peut qu’espérer que ce drame permette (enfin) une prise de conscience.

Et vous, avez-vous constaté cette dégradation des conditions de travail au quotidien ? Sous quelle forme ? Comment pourrait-on améliorer le quotidien des chirurgiens-dentistes en France ?

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