Les chirurgiens-dentistes sont appelés à se faire entendre au cours du CNR Santé. De multiples sujets devront être discutés, même si les études de la situation actuelle soulignent deux problématiques majeures : la question des déserts dentaires et celle de la transformation de l’activité quotidienne du professionnel de santé.

L’activité des chirurgiens-dentistes en hausse, et une démographie de la profession à la peine

Alors que s’est ouvert le CNR Santé ce lundi 3 octobre, toutes les professions de santé ont préparé leurs propositions pour faire évoluer notre système de santé. Pour être le plus efficace possible, les chirurgiens-dentistes, à l’instar des autres soignants, ont listé les problématiques devant être solutionnées d’une part et les idées pour s’adapter aux évolutions prévisibles. C’est donc à partir des études réalisées sur les soins déjà dispensés, que la profession a pu identifier les enjeux majeurs pour garantir la qualité de la santé bucco-dentaire de demain. Le rapport publié par la Drees (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques) sur la santé en 2021 a ainsi permis aux chirurgiens-dentistes de tirer deux enseignements essentiels pour conduire ces travaux.

Dans son « Les dépenses de santé en 2021 – édition 2022 – Résultats des comptes de la santé », la Drees pointe donc une forte augmentation des dépenses de santé en 2021, expliquant que cette augmentation conséquente (+7.9 %) était en partie due à la crise sanitaire du coronavirus. Après une année 2020 difficile et complexe, 2021 a donc été caractérisé par un effet de rattrapage. Les soins non dispensés pendant les couvre-feux et les confinements l’ont été en 2021. Si tous les secteurs de santé sont concernés, certains ont été plus impactés que d’autres. Le rapport pointe ainsi une forte augmentation des dépenses effectuées auprès des laboratoires d’analyse (+9.5 %) mais aussi l’activité des chirurgiens-dentistes (+22.5 %).

Les cabinets dentaires ont ainsi vu leur activité s’intensifier en 2021, et la crise sanitaire n’est pas la seule explication de ce bond spectaculaire. En effet, les chirurgiens-dentistes ont également connu, en 2021, une explosion de l’activité prothétique. Les dépenses liées aux prothèses dentaires a ainsi bondi de 40 % en un an, attestant que les Français se sont emparés de la réforme du 100 % Santé. Tout cela concourt à justifier l’analyse des spécialistes du secteur, qui estiment que l’activité des chirurgiens-dentistes devrait continuer à progresser dans les années à venir, posant avec plus d’importance encore la question de la pénurie de professionnels. Il s’agira, à n’en pas douter, d’un sujet récurrent pour toutes les professions de santé, de cette grande concertation lancée par le ministre de la Santé au Mans.

Le cabinet dentaire appelé à évoluer et à s’adapter

En nombre, le panier sans reste à charge (RAC 0) représentait en 2021 57 % de l’ensemble des prothèses (43 % de la dépense totale en valeur). A elle seule, cette garantie induite par le dispositif 100 % Santé conduit à une intensification de l’activité mais aussi à une nécessaire adaptation des cabinets dentaires, adaptation qui devra se poursuivre dans les années à venir, comme le souligne le rapport : « La consommation de prothèses est portée par le dynamisme des volumes. Car les prix sont en baisse depuis la mise en place du 100 % Santé. »

 Mais la lecture de ce rapport met également en évidence un autre sujet, qui cristallisera l’attention dans les semaines à venir ; la transformation de la pratique quotidienne de la dentisterie. Le nombre de chirurgiens-dentistes libéraux a diminué en 2021 de 0.4 % (37.014), alors que le nombre de chirurgiens-dentistes salariés a progressé quant à lui de 3.7 % (4.331) sur la même période. Logiquement, la part des soins dentaires dispensés en cabinet libéral a elle aussi reculé (de 90.2 % en 2016 à 85.2 % en 2021), alors que celle liés aux centres dentaires connait une évolution inverse (de 9.8 % en 2016 à 14.8 % en 2021). Cette évolution s’appuie en partie sur les initiatives prises par l’Assurance Maladie pour inciter l’installation en zone « très sous-dotée » de centres de santé dentaire notamment. Cette transformation lente mais continue de l’activité du chirurgien-dentiste figurera en bonne place dans les discussions appelées à se nouer dans le cadre du CNR Santé.

Et pour vous quels sont les sujets prioritaires à évoquer pour la profession au cours de cette vaste négociation ? Pensez-vous que l’évolution de la pratique professionnelle, du cabinet libéral au centre dentaire, est appelée à se renforcer ? Pourquoi ?