Plusieurs décisions et déclarations du gouvernement ont semé le trouble chez les chirurgiens-dentistes. Alors que la prévention a été reposée en tant que priorité absolue, le ministère de la santé a également confirmé d’un désengagement financier des pouvoirs publics.
Quelle priorité pour la santé bucco-dentaire en France ?
En ce début d’été, les chirurgiens-dentistes peuvent ressentir un certain malaise au vu des déclarations successives du ministère de la Santé. Le remplacement de François Braun par Aurélien Rousseau au ministère de la Santé et de la prévention n’a pas modifié les priorités des autorités publiques, à en croire leur déclaration. Pourtant les chirurgiens-dentistes peuvent légitimement en douter. Alors que la nouvelle convention de la profession a été signée et qu’elle suscite autant de critiques que de félicitations, les professionnels du secteur peuvent certes se féliciter de l’ambition affichée du ministère de la santé : les générations à venir doivent être des générations sans caries.
Les revendications des chirurgiens-dentistes ont donc été entendues, puisque la prévention sera au cœur de la politique de santé bucco-dentaire pour les prochaines années. La nouvelle convention organise concrètement les incitations gouvernementales pour encourager et accompagner les professionnels en ce sens notamment avec les nouvelles dispositions relatives au dispositif M’T dents. Faut-il y voir une compensation, mais cette avancée s’est faite avec l’acceptation des chirurgiens-dentistes de voir leur liberté d’installation remise en cause ? Désormais, dans les zones déjà trop dotées en cabinets dentaires, un chirurgien-dentiste ne pourra plus s’installer qu’à la condition qu’un confrère quitte le territoire. Comme bien d’autres professionnels de santé, les chirurgiens-dentistes se voient donc imposer des limites à cette liberté d’installation, une remise en cause mise en place pour lutter contre l’évolution de ces déserts médicaux. Les professionnels s’installant dans des déserts médicaux verront les incitations et les aides financières revalorisées. Au vu de ces décisions, une partie de la profession peut se réjouir : les autorités publiques ont pris conscience de l’ampleur du problème. En revanche, une autre mesure a pu heurter les professionnels en remettant en cause cette reconnaissance de la santé bucco-dentaire.
Une remise en cause par une diminution des remboursements des soins bucco-dentaires ?
Car, le ministère de la santé a également expliqué au mois de juin, que cette ambition de s’investir plus activement dans la prévention, il a dans le même temps expliqué qu’il avait besoin, pour cela, de se dégager de marges de manœuvre suffisantes. Il faut redresser les comptes de l’Assurance Maladie après les dépenses importantes engagées pendant la crise sanitaire du coronavirus. Il a donc été décidé qu’une grande partie des soins dispensés par les chirurgiens-dentistes verront leur taux de remboursement diminuer. Ce désengagement de l’Etat dans le remboursement des soins dentaires devra être compensé, selon le ministère de la santé, par les mutuelles et autres organismes santé. Ce désengagement financier ne devra pas, c’est une garantie du ministère, remettre en cause les dispositions du 100 % Santé dentaire. Aux journalistes des Echos, le président de la Mutualité, M Eric Chenut résumait une situation, qui lui apparaissait comme dangereuse :
« En 10 ans, la part des dépenses de santé prises en charge par les organismes complémentaires est passée de 15,2 % à 16,2 % en 2021 »
In fine, cette montée en puissance des organismes complémentaires conduit ces derniers à revoir leur tarification et donc à augmenter leurs tarifs. Pour les chirurgiens-dentistes comme pour bien d’autres soignants, cette hausse (prévisible) des cotisations pourrait conduire à un résultat contre-productif en suscitant une nouvelle forme de refus de soins pour raisons économiques, alors même que la lutte contre ces renoncements était une priorité du gouvernement. Une réunion de tous les acteurs est prévue dans les prochaines semaines.
Et vous, estimez-vous que les messages du ministère de la santé soient contradictoires ? Pensez-vous que ce désengagement financier puisse représenter un danger pour les patients les plus précaires ?
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