Les chirurgiens-dentistes hors Union Européenne : une situation peu compréhensible !

Les chirurgiens-dentistes hors Union Européenne : une situation peu compréhensible !

On évoque souvent la pénurie de soignants en général et de chirurgiens-dentistes en particulier dès lors que l’on s’intéresse à l’organisation de la santé en France. Les autorités publiques se sont emparées du sujet.  C’est ainsi, que depuis quelques années, les créations d’université d’odontologie se sont multipliées pour pouvoir former davantage de chirurgiens-dentistes En outre, ces nouveaux centres de formation ont été prioritairement implantés dans des « déserts dentaires », afin d’inciter les futurs soignants à s’installer sur ces territoires, qui en ont besoin.

En attendant, pour répondre à la demande de soignants, on a constaté une augmentation significative du nombre de professionnels de santé formés à l’étranger venir exercer en France. L’Ordre National des Chirurgiens-dentistes (ONCD) soulignant ainsi qu’en 2022, En 2022, 1313 chirurgiens-dentistes titulaires d’un diplôme étranger se sont inscrits contre 1296 diplômés des universités françaises. Cette majorité de dentistes formés à l’étranger posait question, même si la très grande majorité de ces derniers était formé au sein de l’Union européenne, facilitant grandement les démarches obligatoires. Pourtant, cette même année, 19 chirurgiens-dentistes avaient obtenu leur diplôme en-dehors de l’Union européenne, les conduisant à devenir des praticiens étrangers hors Union Européenne, surnommés les PADHUE.

Les PADHUE, des chirurgiens-dentistes à part entière ?

 La reconnaissance des diplômes, obtenus hors de l’Union européenne, n’est pas automatique, comme cela peut être le cas avec ceux obtenus en Espagne, en Belgique ou encore au Portugal. Les chirurgiens-dentistes ne sont pas les seuls concernés, puisque les PADHUE regroupent également les sages-femmes, les médecins et les pharmaciens. Toujours est-il que pour pouvoir exercer légalement en France, que ce soit en tant que chirurgien-dentiste libéral ou salarié, ces professionnels doivent se soumettre à un certain nombre d’obligations et de démarches. Parmi celles-ci, les épreuves de vérification des connaissances (EVC) s’imposent comme fondamental et nécessaire.

Cependant, pour faire face aux problèmes de manque de personnel dans les hôpitaux et plus généralement dans les établissements de santé, des PADHUE exerçaient jusqu’en 2023 sans avoir réussi (ni même passé dans certains cas) ces EVC. C’est pour empêcher leur expulsion, que l’ancien ministre de la Santé avait proposé une mesure dérogatoire, mesure qui se concrétise aujourd’hui avec la publication de plusieurs décrets. Désormais dans les établissements de santé (et non pas pour l’exercice libéral tant pour les chirurgiens-dentistes que pour les autres professions concernées), ces PADHUE peuvent exercer (sous conditions) sans avoir passé ces épreuves de vérification des connaissances. Certes, cette autorisation est temporaire (13 mois renouvelable une fois) mais elle apporte une solution aux établissements, qui étaient menacés de fermeture s’ils perdaient ces professionnels indispensables à la continuité des soins.

Une santé à deux vitesses ou une situation transitoire ?

Toujours est-il, que cette situation prête à confusion aux yeux du grand public, mais suscite également bien des débats tant chez les chirurgiens-dentistes que chez les autres professions de santé. Un chirurgien-dentiste, fut-il PADHUE ou non, offre-t-il la même qualité de soins ?  A quoi correspond le nouveau titre créé, par les décrets évoqués ci-dessus : praticien associé contractuel temporaire (PACT) ? Pour les patients, il devient difficile de comprendre tous ces acronymes.

Pour les professionnels de santé eux-mêmes, des questions se posent quant à la légitimité des décisions prises. Ces décrets ne résultent-ils pas d’une urgence à trouver une solution à une situation « catastrophique » dans certains établissements ? N’est-ce pas de nature à induire le doute et la confusion ? Enfin, il faut également souligner que les principaux concernés, les PADHUE eux-mêmes, se désolent de ces évolutions, comme le résume le vice-président d’une association de PADHUE, le Dr Abdelhalim Bensaïdi, qui estime que cette évolution « démontre que l’on veut continuer à profiter d’une main-d’œuvre pas chère, exploitée pendant 26 mois avant de les renvoyer chez eux ».

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