Le tourisme médical, notamment pour les soins bucco-dentaires, connait une progression importante depuis plusieurs années. Si plusieurs pays ont décidé de répondre à cette tendance de fond, les chirurgiens-dentistes et les soignants cherchent à apporter des alternatives concrètes aux patients. Cela passe nécessairement par une meilleure information des patientes et des patients.
De la prévention à la dentisterie esthétique, les missions du chirurgien-dentiste en perpétuelle évolution
Depuis quelques années, les autorités publiques ont souligné un des rôles majeurs confiés aux chirurgiens-dentistes. Ces derniers doivent ainsi participer à l’émergence des premières générations sans caries. Les cabinets et centres dentaires endossent ainsi la casquette du chantre de la prévention. Pour autant, il serait trompeur de limiter l’activité des chirurgiens-dentistes à cette seule prévention. Du suivi régulier des patients à la pose d’implants, de la dentisterie esthétique à la gestion des urgences dentaires, les professionnels de la santé bucco-dentaires répondent à bien des attentes. Parmi ces soins dispensés en centres dentaires, la dentisterie esthétique connait, depuis plusieurs années, une augmentation significative de la demande. De la pose de facettes dentaires au blanchiment des dents, les demandes sont aussi nombreuses que variées.
Il serait toutefois trompeur de limiter ces soins dispensés par des professionnels reconnus à leur seule dimension esthétique. Ainsi, si les patients limitent souvent les traitements orthodontiques à leur simple visée esthétique, les chirurgiens-dentistes, eux, mettent en avant les bienfaits de l’orthodontie sur la déglutition, la mastication, l’élocution ou encore la respiration. Enfin, au-delà de ces effets bénéfiques, la dentisterie esthétique au sens large du terme constitue également une réponse à d’autres problématiques, comme l’isolement social, l’évolution professionnelle, … Un beau sourire ne se limite pas à une dimension bucco-dentaire mais représente un impact professionnel, social et personnel plus ou moins important selon les situations.
Blanchiment, pose d’implants, … quand les patients sont invités à voyager pour se faire soigner ?
Toujours est-il, que les patientes et patients sont de plus en plus nombreux à souhaiter bénéficier de soins de dentisterie esthétique. Cependant ces soins ont un coût, avec, bien souvent, un reste à charge plus ou moins conséquent pour les patientes et les patients. Certes, la généralisation du dispositif 100 % Santé dentaire a permis de réduire ou même de supprimer le reste à charge des patients pour certains soins bucco-dentaires. Mais les soins considérés comme esthétiques notamment en matière de soins bucco-dentaires ne sont pas tous concernés par ce dispositif.
Face à cette dépense parfois importante, les patientes et les patients se font courtiser par certains pays. Ces derniers se sont en effet spécialisés dans les soins dentaires, esthétiques ou autres à des prix attractifs par rapport à ceux pratiqués en France. Cette tendance est devenue un véritable « marché » pour certaines destinations, déclenchant la colère des chirurgiens-dentistes de France et de bien d’autres soignants.
Ainsi, le marché des soins dentaires dispensés à des étrangers en Albanie est estimé entre 200 et 250 millions d’euros. Nouvelle destination dans ce tourisme médical, l’Albanie accompagne ce développement en mettant en avant des coûts de gestion faibles mais aussi une imposition ne dépassant pas 15 %. Des atouts pour attirer les professionnels de santé.
Délais d’attentes, coût, …la profession ne manque pas d’ambition pour satisfaire aux attentes des patients
Les soignants en général et les chirurgiens-dentistes en particulier dénoncent, depuis longtemps, les conséquences de ce développement du tourisme médical. Ils soulignent que l’éloignement empêche les professionnels de santé exerçant dans ces pays de prendre en charge leurs patients en cas de problèmes éventuels. Ces patients doivent donc alors se tourner vers des soignants exerçant en France, et ces derniers expliquent les difficultés que cela peut engendrer.
Si les chirurgiens-dentistes souhaitent donc mieux informer les patientes et les patients – même à visée esthétique, les soins bucco-dentaires exigent une expertise et un cadre bien défini -, ils espèrent aussi réussir à répondre plus rapidement aux demandes de leurs patients. En effet, les délais d’attente, imputables en partie à la désertification médicale, contribuent à renforcer l’attractivité de ces solutions exotiques pour se faire soigner. L’augmentation prévisible de la densité de chirurgiens-dentistes dans les années à venir pourrait alors permettre d’apporter des réponses adaptées et pertinentes. Il reste à savoir, si cela s’avérera suffisant.
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