Tourisme dentaire et renoncement aux soins, une même cause ?

Tourisme dentaire et renoncement aux soins, une même cause ?

En France, la question de l’égalité d’accès aux soins figure parmi les questions essentielles du débat sur l’organisation de notre système de santé. Au niveau mondial, des évènements (congrès, colloques, …) sont organisés pour organiser la relance du tourisme dentaire et du tourisme médical. Et les deux questions ne sont pas aussi éloignées, qu’on pourrait bien le croire.

Lutter contre le renoncement aux soins bucco-dentaires, une priorité affichée

L’organisation de la santé publique en France est au cœur des débats de l’élection présidentielle du printemps 2022. La crise sanitaire du coronavirus a fait émerger de nouvelles problématiques, et depuis mars 2020, les autorités publiques entendent réformer ce domaine, afin de le rendre plus efficient d’une part mais aussi afin de renforcer l’égalité d’accès aux soins d’autre part. Les chirurgiens-dentistes sont concernés par les réformes déjà engagées mais aussi par les propositions de certains des candidats. Garantir l’égalité de l’accès aux soins en France aujourd’hui et dans les années à venir fait partie des priorités.

S’agissant des soins bucco-dentaires, cette ambition se concentre sur deux aspects considérés comme essentiels :

  • Réduire ou même supprimer le reste à charge pour les patients pour leurs soins dentaires, afin de lutter contre le renoncement aux soins pour raisons économiques. Si le 100 % Santé représente déjà une évolution importante en la matière, l’hypothèse d’une « Grande Sécu » a replacé la question de la gratuité des soins au centre des débats.
  • Lutter contre le phénomène de la désertification dentaire. En effet, l’égalité d’accès à un chirurgien-dentiste commence par une juste répartition de ces professionnels sur l’ensemble du territoire. Certaines villes, certaines régions sont durement frappées par cette « pénurie » de chirurgiens-dentistes, et des mesures ont déjà été annoncées pour pallier cette problématique dans les années à venir (Réforme des études de santé, Création de nouveaux centres de formation en odontologie, …).

La marchandisation des soins médicaux et dentaires, un sujet préoccupant

Un autre sujet, ne pouvant être dissocié de cette question de l’égalité d’accès aux soins, refait surface depuis plusieurs semaines : le tourisme médical et le tourisme dentaire. Parce que certains patients estiment insuffisante la prise en charge de certains soins prodigués par les chirurgiens-dentistes en France, ils décidaient de partir à l’étranger. Ce tourisme médical en général, et le tourisme dentaire en particulier, ont été freinés et même empêchés depuis le début de la crise du coronavirus. Les confinements, couvre-feux et autres restrictions de déplacement et de voyage ont mis à mal ce que certains chirurgiens-dentistes et médecins n’hésitent pas à qualifier de « marchandisation des soins ». Et à un moment, où la crise sanitaire semble sous contrôle, les destinations les plus prisées de ce tourisme médical affichent désormais de nouvelles ambitions. Alors que la Hongrie reste la destination privilégiée des Français en Europe pour les soins bucco-dentaires, d’autres destinations commencent à émerger. Ainsi, la Thaïlande (9 % du tourisme médical mondial en 2019, avant la crise du Cocid-19) entend retrouver un niveau d’activité comparable à celui d’avant-crise dès 2023.

Certains professionnels de santé soulignent les risques que cela peut engendrer pour les patients devenus touristes et clients de groupes, au sein desquels la recherche de profit coexiste ( ??) avec la déontologie et la qualité des soins. Dans la très grande majorité des cas, les patients se décidant de déserter leur cabinet dentaire au profit d’une destination plus « avantageuse » prennent cette décision pour des raisons économiques. La question du reste à charge apparait alors comme le levier le plus pertinent et efficace pour endiguer cette progression du tourisme dentaire.

Et vous, comprenez-vous cette corrélation entre tourisme dentaire d’une part et niveau de remboursement d’autre part ? Quelle serait selon vous la décision la plus efficace pour encadrer cette « marchandisation des soins » ?

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