A la fin du mois d’aout, la Drees a publié une vaste étude sur les professionnels de santé. Cette dernière s’attache à détailler les principales évolutions enregistrées sur la dernière décennie, entre 2013 et 2023.
Des chirurgiens-dentistes plus nombreux mais de moins en moins libéraux
Les chiffres communiqués par l’Ordre National des Chirurgiens-Dentistes (ONCD) attestent d’une croissance du nombre de chirurgiens-dentistes de 10 % en 10 ans. On enregistrait 45249 professionnels de santé au 1er janvier dernier (contre 40745 10 ans plus tôt). L’étude souligne, que cette augmentation se concentre principalement sur les 5 dernières années (2017-2023) et deux explications sont avancées pour justifier de ce phénomène :
- La réforme du numerus clausus, qui officiellement a disparu, avec un effet d’accroissement lié à la mise en place du numerus apertus. Le phénomène devrait s’amplifier avec la création de nouvelles universités d’odontologie dans des régions frappés par la pénurie de chirurgiens-dentistes,
- L’inscription sur le tableau de l’ordre national de chirurgiens-dentistes diplômés hors de France, qu’ils soient français ou non. Selon l’ONCD, plus d’un chirurgien-dentiste nouvellement inscrit en 2022 (50,3 %) avait été diplômé hors d’une université française. L’Espagne, le Portugal et la Roumanie figurent parmi les pays les plus concernés.
Les chirurgiens-dentistes libéraux exclusifs constituent toujours la plus grande part de la profession. En revanche, leur importance tend à diminuer. En nombre, les chirurgiens-dentistes libéraux ont vu leur effectif reculer de 1,34 % avec 35524 professionnels. Mais ce recul est nettement plus marqué et visible en s’attachant à analyser leur importance dans la profession. S’ils représentent 76 % de la profession en 2023, ils étaient 85 % à la décennie précédente. Entre 2013 et 2023, et en excluant les salariés hospitaliers, les chirurgiens-dentistes salariés ont vu leur nombre s’accroitre de 48 %. La multiplication des centres de santé dentaires explique ce grand bouleversement dans la répartition dans la profession. Enfin, les effectifs de chirurgiens-hospitaliers a également bondi de 49, 5 % en 10 ans avec 804 professionnels en 2023. 3122 chirurgiens-dentistes ont choisi un exercice mixte (une augmentation de 41 % en une décennie)
Une lente féminisation d’une profession de plus en plus jeune
Cette augmentation de l’effectif n’a eu qu’un impact léger sur la densité des chirurgiens-dentistes : 62,2 pour 100.000 habitants en 2013 contre 66,7 en 2023. Et cela n’a pas profondément transformé la répartition de ces professionnels de santé à travers les différentes régions de France. On enregistre toujours une densité supérieure dans les régions du Sud de la France (93,4 en PACA), alors que la pénurie frappe toujours principalement les régions entourant le Bassin parisien (45 pour le Centre Val de Loire)
L’étude publiée par la Drees renseigne enfin quant à d’autres aspects de la profession. L’âge moyen de la profession a diminué de 3 ans en 10 ans (45,3 ans en 2023). Ce rajeunissement concerne tous les modes d’exercice tant libéral (46,3 ans) que salarié (40, 6 ans). Enfin, la parité est presque atteinte. 40 % des chirurgiens-dentistes étaient des femmes en 2013. 10 ans plus tard, elles représentent 48,6 % de l’ensemble des effectifs. Les femmes représentent même 60 % des chirurgiens-dentistes salariés hors hôpital.
Sans surprise, l’étude confirme la lente disparition de l’exercice solitaire de la profession. Le cabinet dentaire individuel ne représente plus le choix majoritaire des professionnels, puisqu’il a vu le nombre de professionnels exerçant sous ce statut reculer de 33 % en 10 ans. Dans le même temps, l’exercice en société s’est accru de 56 % en une décennie et concerne désormais 15.056 professionnels.
Comment jugez-vous cette évolution de la profession sur les 10 dernières années ? Et comment pensez-vous que la profession va continuer à évoluer ?
