Si la grande majorité des médecins généralistes se félicitent des nombreux avantages de la télémédecine, les chirurgiens-dentistes, eux, sont plus divisés quant à l’utilité de ces consultations à distance dans le cadre de leur spécialité. Et pourtant, de nombreuses pistes plaident en faveur de l’essor de cette nouvelle forme de consultations.
Un chirurgien-dentiste à distance, de nouvelles pratiques pérennes ?
L’apparition du coronavirus dans les premières semaines de l’année 2020 a accéléré et généralisé les dispositifs permettant aux patients de consulter leurs soignants sans avoir à se déplacer. La télémédecine au sens large concernait alors principalement les médecins généralistes, mais la crise sanitaire conduisit les autorités publiques à élargir téléconsultation, téléexpertise, téléassistance et télésurveillance à d’autres professionnels de santé, dont les chirurgiens-dentistes. On peut immédiatement souligner, que la crise du Covid-19 a conduit les professionnels de santé et les patients à s’approprier ces nouveaux modes de consultation. Alors qu’on n’enregistrait que 40.000 téléconsultations en février 2020, le record était battu en avril avec plus de 4.5 millions de consultations à distance. Depuis, la moyenne de ces actes de télémédecine s’établit à environ 1 million par mois.
Outre les progrès techniques permettant cette évolution significative, les autorités publiques ont amplifié le mouvement en adoptant le remboursement intégral de ce type de consultation. Le 29 décembre dernier, la loi « renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire et modifiant le Code de la santé publique » a même prolongé la prise en charge intégrale de la téléconsultation. Le dispositif sera maintenu en l’état jusqu’au 31 juillet 2022.
La téléconsultation, une réelle opportunité pour la santé bucco-dentaire ?
Si certains chirurgiens-dentistes sont pleinement mobilisés pour le développement de ces nouvelles technologies au sein des cabinets dentaires, d’autres se montrent plus sceptiques, en s’interrogeant sur la réelle opportunité que cela peut représenter pour la profession. Du côté des pouvoirs publics, la question apparait bien plus nuancée, notamment en raison d’arguments plus économiques. Ainsi, le 18 janvier dernier, une étude de l’Institut économique Molinari évaluait que la télémédecine pourrait faire économiser plus d’un milliard d’euros :
- 293 millions d’euros pour les frais de transports
- 467 millions d’euros pour les consultations
- 284 millions pour les services d’urgence.
Si cette étude confirme bien que la téléexpertise voit son importance se déliter au fil des semaines, elle représente toujours environ « 5 % de la valeur des consultations traditionnelles des médecins et dentistes libéraux ».
Pour les chirurgiens-dentistes eux-mêmes, cette téléconsultation pourrait se révéler utile et pertinente dans certaines situations cliniques bien définies. Comme le soulignait la Fédération des Syndicats Dentaires Libéraux (FSDL) :
« La spécificité de nos soins à visée curative rendent difficilement applicable ce nouveau mode de travail à tous nos actes. »
Car si la consultation à distance n’autorise pas les soins des pathologies dentaires, nécessitant par définition l’action physique du chirurgien-dentiste, elle peut néanmoins faciliter la gestion des urgences, notamment en permettant de reporter les soins tout en offrant la possibilité de gérer la douleur. La télémédecine pour un chirurgien-dentiste permet aussi une meilleure prise en charge des personnes dépendantes notamment en Institution (Ehpad), en évitant une consultation systématique de tous les patients. A la suite de chirurgies ou dans le cadre d’un traitement d’orthopédie dento-faciale, la consultation à distance garantit une amélioration certaine du suivi des patients. De réelles opportunités ont ainsi été identifiées par la profession, qui juge cependant illusoire de croire que comme pour les médecins, la téléconsultation pourrait être un levier efficace pour lutter contre les déserts dentaires.
Toujours est-il, que les chirurgiens-dentistes sont, à travers leurs organes représentatifs, en pleine négociation pour définir un cadre organisé et planifié pour l’essor de la télé consultation bucco-dentaire.
Et vous, quels avantages voyez-vous dans cette consultation à distance pour votre activité ? Et des obstacles à sa généralisation ? Pensez-vous qu’à terme, la télémédecine deviendra incontournable dans un cabinet dentaire ?
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