Quel avenir pour les chirurgiens-dentistes ?

Quel avenir pour les chirurgiens-dentistes ?

Comment va se développer la profession de chirurgien-dentiste libéral dans les années à venir ? La question se pose, alors que les autorités publiques planchent sur la transformation de notre système de santé.

Les chirurgiens-dentistes français, un modèle à part à faire évoluer

Alors que les autorités publiques entreprennent, depuis plusieurs semaines, de tracer les pistes destinées à accroitre le nombre de chirurgiens-dentistes en France dans les prochaines années, la profession, elle, s’interroge sur son avenir. Deux années de crise sanitaire ont mis en évidence des carences, pour lesquelles ces professionnels de santé doivent trouver des solutions. C’est ce qu’expliquait Frédéric Bizard, spécialiste des questions de protection sociale et de santé à l’occasion d’une conférence organisée le 30 juin dernier. Plutôt que de se concentrer sur les deux années de crise sanitaire, l’économiste a préféré insister sur le temps long en soulignant l’évolution des cabinets dentaires depuis une décennie.

Ainsi, M Bizard a souligné, que depuis 2010, l’augmentation de l’activité des chirurgiens-dentistes libéraux étaient principalement due à l’augmentation du volume des actes (pour 70 % de la hausse). Si cette augmentation est conséquente, elle explique aussi, en partie, l’augmentation du nombre de déserts dentaires, le nombre de nouveaux chirurgiens-dentistes ne répondant pas suffisamment à cette hausse des demandes de soins, à laquelle il faut ajouter le nombre croissant de professionnels de santé arrivant à l’âge de la retraite. Pour autant, l’économiste rappelait, dans le même temps, que les soins bucco-dentaires en France se révélaient être parmi les plus faibles d’Europe, puisqu’évalués à 0.5 point de PIB et à 161 € par habitant.

Un système curatif, en cours de transformation ?

Pour expliquer cette différence avec les autres pays européens (les dépenses par habitant sont pratiquement doublées en Allemagne), l’économiste met en avant le modèle du système de santé bucco-dentaire français, un système plus curatif que préventif. Cela explique notamment le faible recours des Françaises et des Français à leur chirurgien-dentiste. Ainsi si 43 % des Français ont eu un rendez-vous avec leur dentiste au cours de l’année précédente, ils sont plus de 7 sur 10 en Angleterre ou en Allemagne (71 %) et même plus de 8 sur 10 au Danemark (85 %). Réclamée par la profession tout entière depuis des années, la prévention doit influer sur les évolutions à venir pour les chirurgiens-dentistes. La nouvelle dénomination du ministère de la Santé (devenu celui de la prévention) marque-t-elle le changement de paradigme attendu depuis si longtemps par une grande partie des patients ?

Enfin, l’économiste a mis en avant les évolutions du cabinet dentaire libéral tel que nous le connaissons depuis des années. L’intelligence artificielle et l’industrialisation du « sur-mesure » pour les soins prothétiques constituent des enjeux essentiels pour la profession. Mais la profession a déjà commencé à changer souligne M Bizard. La dernière décennie a souligné l’augmentation du nombre de dentistes étrangers (plus du quart des professionnels) mais aussi la féminisation de la profession (48 %). Et les femmes chirurgiens-dentistes sont, à en croire l’économiste, plus « attirées par l’exercice de groupe ». Si les chirurgiens-dentistes exercent toujours majoritairement en libéral (80 % en 2021), l’exercice salarié augmente sensiblement depuis une décennie (3.500 professionnels salariés en 2012 contre 7.600 en 2021). Il reste à savoir si cette tendance va perdurer et quelles conséquences elle engendrera pour la profession.

Et vous estimez-vous que la profession va basculer vers un modèle plus préventif ? Comment envisagez-vous l’avenir de votre profession ? A 5 ans ? Et dans 10 ans ?

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1 Commentaire

  1. Quand les journalistes informent les patients de la cherté des soins dentaires (Sans doute les mêmes qu’a Bengladesh) et la prothèse dont les tarifs n’ont pas changé depuis 30 ans ils donnent une raison de plus pour excuser la négligence des patients. Dans un pays où dans les années 70 il se vendait 6 millions de brosses à dents par an , Aujourd’hui les jeunes patients nous montrent comment il faut les soigner en nous exhibant leurs smartphone .

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