On a souvent distingué les chirurgiens-dentistes salariés des chirurgiens-dentistes libéraux en se concentrant sur les distinctions entre l’exercice indépendant et la voie hospitalière. Aujourd’hui, choisir de devenir chirurgien-dentiste salarié n’implique plus nécessairement d’exercer à l’hôpital, ce qui constitue un changement majeur pour la profession.
S’installer comme chirurgien-dentiste libéral en 2023, une tendance toujours privilégiée au sein de la profession
Traditionnellement, les diplômés en chirurgie dentaire ont privilégié l’installation en se décidant pour la voie libérale. Selon la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees), 84 % des 43.657 chirurgiens-dentistes de France exerçaient, en 2021, en tant que dentiste libéral. Cette caractéristique de la profession masque cependant de multiples situations, puisqu’elle englobe les professionnels ayant opté pour l’installation et l’exercice isolé, et ceux ayant préféré la constitution d’une société pour un exercice de groupe. De la même manière, la nature même du statut des chirurgiens-dentistes peut varier d’un professionnel à l’autre, avec le chirurgien-dentiste collaborateur ou encore le dentiste remplaçant.
Cependant, si les chirurgiens-dentistes restent majoritairement des professionnels libéraux de santé, le salariat progresse significativement depuis plusieurs années, depuis le début des années 2000 pour être précis. Dans sa thèse de 2020 (Le chirurgien-dentiste salarié en centre de santé en 2020), Alexane El Haïk confirme cette tendance incontestable, soulignant qu’entre 2016 et 2019, le nombre de chirurgiens-dentistes salariés était passé de 4572 (11 % de la profession) à 5743 (13.6 % de la profession). Pour mémoire, 91 % de la profession exerçait en libéral en 2006. La salariat attire donc de plus en plus de professionnels.
Salariat ou exercice libéral ? Une distinction de plus en plus complexe
Derrière cette évolution se cache une autre évolution structurelle de la santé bucco-dentaire en France. En effet, de plus en plus de chirurgiens-dentistes choisissent d’être salarié en centres de santé (ces derniers pouvant relever de plusieurs formes). Ainsi , si 53 % des dentistes salariés exerçaient dans un centre de santé en 2006 ils étaient 67 % en 2016, les autres professionnels étant salariés d’établissements hospitaliers (11 %), de cabinets dentaires (10 %), d’organismes de la sécurité sociale (5 %) ou d’établissements d’enseignement (4 %).
En d’autres termes, les chirurgiens-dentistes se salarient de plus en plus en rejoignant les centres de santé en général et les centres dentaires en particulier.
Cette évolution peut également expliquer la féminisation de la profession (61 % des chirurgiens-dentistes salariés en 2016 étaient des femmes).
C’est donc bien un nouveau choix d’exercice, qui s’offre aux nouveaux docteurs en chirurgie dentaire, d’autant plus que le nombre de centres dentaires est appelé, selon les prévisions établies par la Drees, à croître de façon significative dans les prochaines années. Choisir entre le statut de salarié et celui de professionnel libéral de santé constitue autant un choix économique qu’un véritable choix de vie.
Si le chirurgien-dentiste peut bénéficier des avantages liés à la nature même du salariat (indemnités de la sécurité sociale en cas de maladie, congés payés, …), il doit pouvoir continuer à exercer son art en toute indépendance, respectant ainsi les prescriptions du code de déontologie. Et ces conditions de travail ont changé la donne en faisant évoluer la traditionnelle distinction entre le chirurgien-dentiste libéral et le professionnel hospitalier. Cette évolution continuera-t-elle d’inciter davantage de professionnels de santé à opter pour le salariat ? Les réponses à cette question ne seront pas sans conséquence sur l’évolution de notre système de santé.
Selon vous, le statut de salarié va-t-il continuer à s’accroître pour les chirurgiens-dentistes dans les années à venir ? Comment jugez-vous cette évolution de la profession ?
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