La Santé a un coût, mais nul ne devrait renoncer aux soins pour des raisons financières. Cet engagement des autorités publiques a trouvé sa concrétisation à travers le dispositif 100 % Santé, alors même que des associations dénoncent une réalité plus contrastée. Alors qu’en est-il vraiment du reste à charge en matière de santé en général et de soins bucco-dentaires en particulier ?
100 % Santé Dentaire, un succès incontestable ?
Si les professionnels de santé en général, et les chirurgiens-dentistes en particulier, ne connaissent toujours pas les grandes orientations qui seront prises en matière de politique de santé, ils sont cependant pleinement conscients des grandes avancées qui ont marqué ces dernières années. Nul doute, que le 100 % Santé en fait incontestablement partie. Lancé en 2019 et déployé depuis de manière progressive, ce dispositif visait principalement à lutter contre les renoncements aux soins et contre les reports de soins pour des raisons économiques. Le 100 % Dentaire visait en effet à l’origine supprimer le reste à charge pour les patients pour diverses catégories de soins. Les soins bucco-dentaires en font partie.
Si le dispositif a connu, depuis son lancement, de nombreuses évolutions et d’innombrables ajustements, un rapport, publié au début du mois de juillet par la DREES (Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques) confirme le succès de cette réforme, principalement en ce qui concerne les prothèses auditives et dentaires. Ainsi, en 2019 et 2021, les achats de prothèses auditives ont progressé de … 75 %. Dans le même temps, on enregistrait une hausse de 17 % des prothèses dentaires. Presque 6 patients sur 10 ont choisi les prothèses identifiées dans le dispositif 100 % Santé.
Une réelle disparition du reste à charge pour les soins bucco-dentaires ?
En apparence, ce succès voudrait donc dire la diminution conséquente, voire la disparition totale dans certains cas, du reste à charge pour les patients. Si le gouvernement se félicite de cette avancée majeure pour la santé publique, certaines associations dénoncent cependant des analyses tronquées. C’est notamment le message lancé par France Assos, qui a lancé, le 12 septembre dernier, une vaste enquête pour identifier les restes à charge dits invisibles. Cette enquête fait suite à une première édition datée de 2019, qui avait évaluée le montant moyen des restes à charge à 1.000 euros par an. L’association dénonce les dépenses jamais comptabilisées, « faussant les données officielles qui font avantageusement état […] d’un reste à charge moyen par habitant, en 2022, de 250 euros, soit le plus faible de l’ensemble des pays de l’OCDE«
Le regroupement d’association d’usagers du système de santé veut dénoncer une réalité, qui, selon lui, risque fort de se dégrader dans les années à venir. L’année 2024 aura déjà été « annus horribilis pour les usagers du système de santé et les patients » avec notamment l’officialisation de la baisse du remboursement des soins dentaires, le doublement des franchises médicales ou encore la restriction de la prise en charge des transports. Le 100 % Santé serait, dans ces conditions, un trompe-l’œil masquant une pression (financière) toujours plus importante pour les patients.
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