Alors que la question de l’égalité d’accès aux soins se pose de plus en plus fortement dans certaines régions de France, la télédentisterie comme la télémédecine apparaissent comme des leviers pertinents et efficaces pour imaginer des solutions d’avenir. Encore faut-il que les chirurgiens-dentistes soient prêts …

La télédentisterie, des chirurgiens-dentistes à distance …

La télémédecine fait partie des outils, que le ministère de la santé a cherché à promouvoir et renforcer depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus. Pouvoir soigner à distance permettait en effet de répondre à la nécessité de soins tout en respectant les règles de distanciation sociale notamment, imposées par les confinements et autres périodes de couvre-feux. Pourtant, cette télémédecine existe officiellement, en France, depuis 2009, date de promulgation de la loi (cette dernière fut suivie plusieurs ordonnances et décrets précisant la portée et le sens de cette médecine à distance), qui définissait déjà les 5 activités constituant cette nouvelle forme de pratiques médicales :

• La téléconsultation,
• La téléexpertise,
• La télésurveillance,
• La téléassistance,
• La régulation des urgences.

Bien que la crise sanitaire ait également accéléré la conversion des infirmiers et autres paramédicaux à cette télémédecine, cette dernière concerne, dans l’esprit de la loi, les médecins, les chirurgiens-dentistes et les sages-femmes. C’est parce que cette télémédecine peut participer à solutionner les problématiques de désertification médicale et d’égalité d’accès aux soins pour tous les Français, que les autorités publiques cherchent à comprendre comment les professionnels de santé concernés se sont approprié ces nouvelles méthodes de travail. C’est pourquoi l’ordre des Chirurgiens-dentistes a adressé une étude (composée de 36 questions) à tous ses membres. Les résultats de cette étude concernant la télédentisterie ont été publiés le 7 mars dernier dans la revue Digital Health.

Les chirurgiens-dentistes et la télédentisterie

Malgré les multiples expérimentations liées à la télémédecine et à la télédentisterie pendant la crise du Covid-19, cette nouvelle forme de pratiques n’est pas encore entrée dans les mœurs des professionnels de santé. 57 % des chirurgiens-dentistes, soit plus d’un professionnel sur deux, avoue même ne pas être informé en la matière. Ainsi, si la quasi-totalité des chirurgiens-dentistes savent à quoi correspond la téléconsultation, ils sont bien moins informés sur la   la régulation des urgences (88,6 %), la téléassistance (74,3 %), la télésurveillance (72,1 %), ou encore la téléexpertise (45,1 %).

En revanche, les chirurgiens-dentistes, ayant déjà pratiqué la télédentisterie (essentiellement sous forme de téléconsultation ou d’appels d’urgence), plébiscitent cette médecine moderne, puisque plus d’un sur deux (55.3 %) se déclare satisfait.

Pour les professionnels de la santé bucco-dentaire, cette télédentisterie constitue la solution idéale pour améliorer l’accès aux soins (69 % des chirurgiens-dentistes ayant déjà pratiqué un acte de télédentisterie le confirment contre 63 % des chirurgiens-dentistes n’ayant jamais pratiqué de tels actes à distance).

Si la profession semble donc convaincue de l’utilité et du bienfondé de ces soins modernes et innovants, elle souligne que cela ne pourra se révéler bénéfique que si les chirurgiens-dentistes sont suffisamment formés. Seuls 1.5 % des chirurgiens-dentistes interrogés avaient suivi une formation spécifique, et cette dernière étaient même jugée insuffisante. Pour plus de 3 professionnels sur 4 (77 %), la formation à la télédentisterie doit être un prérequis pour pouvoir espérer développer ces consultations à distance. Cela devrait faire partie des discussions, que le ministère de la Santé entend entamer avec tous les professionnels de santé à la rentrée prochaine afin de réfléchir à la vaste transformation de notre système de santé.

Et vous, avez-vous déjà pratiqué une téléconsultation ou tout autre acte de télédentisterie ? Quel en est votre ressenti et votre jugement ? Pensez-vous que cette télédentisterie est une solution pérenne pour lutter contre les problématiques d’accès aux soins et de désertification dentaire ?