Les chirurgiens-dentistes, les orthodontistes et de manière plus générale tous les soignants constatent, depuis plusieurs années, un changement de comportements et d’habitudes de la part de leurs patients. Une évolution qui n’est pas sans risques et qui a connu une forte accélération depuis le début de la crise sanitaire. Tous les professionnels concernés tirent la sonnette d’alarme et appellent les pouvoirs publics à réagir au plus vite. Les traitements orthodontiques à distance figurent parmi ces pratiques dénoncées.
Quand la crise sanitaire incite les patients à se décider pour des soins d’orthodontie
Si la crise sanitaire liée au coronavirus a impacté bien des aspects de notre vie quotidienne, force est de constater qu’elle a aussi profondément transformé les attentes des patients d’une part et l’attitude des professionnels de la santé bucco-dentaire d’autre part. On ne reviendra pas sur les évolutions du protocole sanitaire applicable dans les cabinets dentaires ni sur leurs conséquences sur l’activité même des chirurgiens-dentistes. En revanche, tous les dentistes de France et plus encore tous les orthodontistes de l’Hexagone n’ont pu que constater une hausse importante des demandes de soins orthodontiques.
Les professionnels voient dans cette évolution une conséquence du port du masque, qui donne l’occasion de suivre un traitement tout en limitant l’aspect esthétique, tant redouté pour ce type de soins. En revanche, les chirurgiens-dentistes en général et les orthodontistes en particulier dénoncent à cette occasion ce qu’ils appellent la « télé-orthodontie ». Des sociétés commerciales, qui peuvent parfois prendre la forme de start-ups innovantes, proposent aux patients des traitements orthodontiques à distance. Dans certains cas, ces traitements sont réalisés et suivis sous la supervision d’un chirurgien-dentiste, alors que dans d’autres, l’aspect médical semble être totalement oublié.
Orthodontie et santé bucco-dentaire, un domaine médical à préserver pour la santé de tous
Ce phénomène des soins orthodontiques à distance n’est pas nouveau, puisque la Fédération Française des Orthodontistes alertait déjà, en 2019, contre ce genre de pratiques. Depuis, la crise sanitaire a accéléré la diffusion de ces pratiques en changeant les habitudes des patients. Disposant de plus de temps, ces derniers souhaitent se dispenser d’une visite dans un cabinet dentaire, profitant d’un accès illimité à l’information médicale et scientifique. Les arguments des sociétés commerciales trouvent alors auprès des clients déjà préparés à franchir le pas une oreille plus attentive. De manière générale, ce qui est dénoncé par les orthodontistes rejoint les propos des chirurgiens-dentistes et des soignants en général, avec des patients croyant détenir une vérité médicale.
Toujours est-il que l’European Federation of Orthodontics Spécialistes Association a publié, le 28 octobre dernier, une condamnation des ces traitements orthodontiques à distance. Et cette condamnation fait l’unanimité, puisque pas moins de 31 sociétés savantes de 25 pays européens se sont associées à la démarche. En France, quelques jours plus tard (05 novembre), deux syndicats – le Syndicat Français des spécialistes en orthodontie (SFSO) et Les Chirurgiens Dentistes de France (CDF) – condamnaient tout aussi sévèrement ce genre de pratiques. Non seulement, ils dénoncent des soins pouvant représenter une véritable menace pour les patients, mais ils s’insurgent contre une « violation flagrante du code de déontologie médical et dentaire ».
Alors que les exemples de patients « mécontents » et de conséquences dramatiques se multiplient, les deux syndicats français vont encore plus loin, appelant à une réaction rapide des autorités sanitaires :
« Les traitements complets à distance doivent donc être catégoriquement prohibés puisqu’ils constituent un danger pour la santé des patients. On ne peut en aucun cas justifier un auto-traitement couplé à un télétraitement dans le cadre de soins bucco-dentaires professionnels. »
Plus généralement, les chirurgiens-dentistes alertent les autorités sur les dérives constatées ces derniers mois, conduisant les patients à penser pouvoir se passer de soins bucco-dentaires. Certains mettent déjà en garde contre les risques que font peser les facettes clipsables, présentées par d’autres sociétés marchandes comme des solutions accessibles pour le blanchiment des dents.
Et vous, avez-vous conscience de cette dérive générale concernant l’orthodontie mais plus généralement la santé bucco-dentaire et même la santé en général ? Quelles seraient, selon vous, les décisions à prendre en urgence pour inverser cette problématique ?
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