Un récent rapport étudie la question des soins dentaires en Europe. Le constat inquiète et nécessite des décisions rapides.
La France connait des difficultés pour garantir l’accès aux soins dentaires pour toutes et tous. Cela est souvent souligné. Mais la France n’est pas une exception en la matière. Un récent rapport a étudié la situation du système de santé en général et bucco-dentaire en particulier dans tous les états européens.
L’accès aux soins dentaires, une situation « alarmante » en Europe ?
On connait les problématiques liées à la désertification médicale en France métropolitaine. Cela concerne également les chirurgiens-dentistes, qui ne peuvent plus faire face aux demandes des patients. Mais la pénurie de cabinets et de centres dentaires apparait être un problème plus large, puisqu’il concerne une grande partie des pays européens. C’est ce que souligne une étude, conduite par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui a étudié le système de santé bucco-dentaire dans les pays de l’Union européenne. Le rapport, Health at a Glance : Europe 2024, souligne les différences pouvant exister d’un pays à l’autre. Il pointe également une réalité incontestable dans la quasi-totalité des pays étudiés : le nombre de chirurgiens-dentistes n’est pas suffisant pour répondre à une demande croissante.
Cette pénurie de professionnels de la santé bucco-dentaire interroge pour les années à venir, puisque toutes les études soulignent le besoin plus important encore de chirurgiens-dentistes dans les années à venir. La densité moyenne de professionnels en Europe (nombre de dentistes pour 1000 habitants) est estimée à 0.8. Certes, certains pays, comme la Grèce, la Bulgarie ou Chypre, offrent une densité supérieure à un, d’autres pays en revanche souffrent davantage de ce problématique (0.7 en France, 0.6 pour l’Espagne ou encore 0.5 pour l’Irlande).
Une réalité diverse pour les soins bucco-dentaires en Europe
Le rapport de l’OCDE ne s’est pas limité à cette simple comparaison statistique du nombre de professionnels de santé dans les différents pays étudiés. Il s’est également attaché aux politiques de santé publique dans chacun de ces pays. Là encore, les différences sont flagrantes. Ainsi, si la Lituanie consacre 10 % de son budget de la santé aux soins bucco-dentaires, la France, elle, ne consacre que 4 % de ce même budget à cette santé bucco-dentaire (Les Pays-Bas et l’Espagne font encore moins, avec 3 % des dépenses).
D’un autre côté, les patients eux-mêmes sont plus ou moins informés de l’importance d’une visite régulière chez le chirurgien-dentiste. En moyenne, les européens consultent 1.2 fois par an un dentiste. La France fait même mieux avec 1.7 consultation, alors que le nombre de consultation par an ne dépasse pas 0.4 en Irlande ou 0.5 en Hongrie. Pour expliquer le phénomène, le rapport pointe la faiblesse de la prise en charge financière des soins bucco-dentaires. Avec un reste à charge important (pour les patients), les soins bucco-dentaires font fréquemment l’objet d’arbitrage de la part des patientes et des patients européens. Il faut souligner, qu’avec la Croatie et l’Allemagne, la France se distingue en la matière avec une prise en charge de 60 % minimale.
Des conséquences prévisibles et un avenir inquiétant ?
Pour l’OCDE, si les prochaines années peuvent inquiéter les autorités publiques et les professionnels de santé, il faut aussi se concentrer sur les conséquences de cette réalité des soins bucco-dentaires en Europe. La première conséquence de la pénurie de chirurgiens-dentistes consiste à ne pas pouvoir répondre à l’ensemble des besoins de la population. Ainsi, en moyenne, 3.4 % des besoins de soins dentaires en Europe ne sont pas satisfaits. La dégradation de cet indicateur (2.8 % en 2019) souligne l’urgence à agir. En France, les conséquences sont encore plus visibles, puisque 6.6 % des besoins ne sont pas satisfaits.
Naturellement, le rapport pointe les menaces pesant sur le système de santé et souligne qu’il devient très « urgent de prendre des mesures pour remédier à la pénurie de personnel de santé en Europe ». Les pistes proposées sont celles déjà expérimentées partout, notamment en France, à savoir renforcer l’attractivité des métiers de la santé avec une amélioration des conditions de travail mais aussi une revalorisation des rémunérations tant à l’hôpital qu’en ville.
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