Devenir chirurgien-dentiste : vers une nouvelle réforme des études de santé ?

Devenir chirurgien-dentiste : vers une nouvelle réforme des études de santé ?

Pour transformer le système de santé, les autorités publiques ont initié, il y a plusieurs années, une vaste réforme des études de santé. C’est aujourd’hui le moment de tirer les premiers enseignements de cette réforme. Et ils ne sont pas très optimistes.

Réformer les études de santé pour répondre au besoin croissant de soignants

En 2019, le gouvernement a officialisé la réforme des études de santé, notamment avec la suppression de la Première Année Commune aux Etudes de Santé (PACES), qui était jugée trop élitiste et exigeante. Les objectifs de cette réforme étaient clairement définis :

  • Répondre à l’augmentation des besoins en soignants dans les années à venir,
  • Accompagner la suppression du numerus clausus,
  • Renforcer la réussite et le bien-être des étudiants,
  • Lutter contre les échecs en cours de cursus, privant les étudiants de voies pour se réorienter,
  • Diversifier le profil des étudiants,

Le cursus pour décrocher le diplôme d’Etat (DE) de docteur en chirurgie-dentaire

Aujourd’hui, les lycéennes et les lycéens, souhaitant devenir dentiste, doivent, avant d’intégrer une université d’odontologie, suivre une première année universitaire. Ils peuvent préférer une année préparatoire avec une dominante santé et une mineure dans une autre discipline, ou au contraire privilégier une autre dominante avec une mineure santé. Ces deux voies d’accès (Parcours d’accès Spécifique Santé (PASS) ou Licence avec Option Santé (LAS)) ouvrent donc la possibilité d’intégrer une université d’odontologie. Après 6 ans d’études, répartis en 3 cycles, les étudiants obtiennent alors le précieux diplôme. Certains pourront se spécialiser en orthopédie dento-faciale, en médecine bucco-dentaire ou en chirurgie-orale.  A l’issue de ces études spécialisées, les étudiants obtiennent non seulement le DE en chirurgie dentaire mais également un diplôme d’études spécialisées (DES) dans le domaine choisi.

Des études de santé à réformer à nouveau ?

Après 5 ans d’application de la réforme, il était temps de dresser un premier bilan, d’autant plus que les critiques contre ces nouveaux dispositifs se sont multipliés au fil des mois.  C’est notamment ce qu’a fait la Cour des Comptes, en publiant le 11 décembre dernier un rapport intitulé « Les études de santé ».

Les hauts magistrats jugent sévèrement la réforme, en soulignant notamment l’« absence de coordination avec les dispositifs d’information et d’orientation ».

« Il existe autant de déclinaisons de la réforme que d’universités, tant les options ouvertes par le cadre réglementaire sont nombreuses »

Le rapport souligne, que si la réforme a été pensée pour offrir de réelles voies de réorientation pour les étudiants échouant à intégrer les universités d’odontologie, les étudiants d’aujourd’hui le vivent comme un obstacle supplémentaire. Pour ces étudiants, les matières (autres que médicales) constituent une charge de travail supplémentaire, réduisant leur capacité à se concentrer sur l’essentiel.  Ainsi, la Cour souligne, que près de 8 étudiants sur 10 inscrits (79 %) en PASS n’ayant pas réussi à suivre le cursus dans les filières MMOP se réorientent dans une discipline, qui ne correspond pas à celle choisie au cours de leur première année universitaire.  

Outre ce constat d’échec dans la nature même de la réforme, les hauts magistrats déplorent que la réforme n’a eu aucun impact sur la diversification des profils des étudiants et souligne même une « légère tendance à l’homogénéisation ».

Dans son rapport, la Cour regrette enfin, que cette réforme n’a pas réussi à lutter efficacement contre le départ des étudiants refusés dans les cursus en France à l’étranger. Selon un sondage réalisé pour l’occasion, il apparaît que 10 % de ces « recalés » poursuivent des études à l’étranger avant de revenir exercer en métropole.

C’est autant de raisons, qui renforcent les demandes de certaines associations étudiantes notamment, revendiquant le retour d’une première année commune à toutes les filières de santé. La question devra nécessairement être débattue, tant les besoins en chirurgiens-dentistes et plus généralement en soignants se font de plus en plus sentir.

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