Si les chirurgiens-dentistes se sont longuement interrogés en 2021 sur l’inégale répartition de la profession dans les différentes régions de France, le gouvernement a officialisé une nouvelle ligne directrice en la matière, suivant en cela les recommandations d’un rapport d’experts. L’ambition de ce double objectif – pallier à une pénurie future de chirurgiens-dentistes en France tout en faisant disparaître les déserts dentaires – devra se traduire concrètement dans les plus brefs délais.
Alors que la question du manque de chirurgiens-dentistes aura traversé toute l’année 2021, le gouvernement a annoncé, le 2 décembre dernier, que 8 nouveaux sites de formation en odontologie, organisés soit en « unités de formation et de recherche » soit en antennes de sites déjà existants, seraient créés (Amiens, Caen/Rouen, Dijon/Besançon, Grenoble, Poitiers, Tours). Dans son communiqué (02 décembre 2021), le gouvernement se félicite de cette décision, qui répond à tous les enjeux de la profession :
« Ces sites ont été choisis en vue d’orienter les professionnels de santé vers les territoires les plus fragiles du point de vue de la démographie en chirurgiens-dentistes et permettront d’atteindre l’objectif ambitieux d’augmentation de 14 % des capacités d’accueil en formation en odontologie sur la période 2021-2026 fixé par la conférence nationale du 26 mars 2021 »
Pallier la pénurie de chirurgiens-dentistes, une priorité partagée par tous
Si la question de la désertification médicale est un débat récurrent depuis plusieurs années, celle des déserts dentaires a pris une nouvelle dimension au cours de cette année 2021. Au printemps, l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) publiait ses « Objectifs nationaux pluriannuels de professionnels de santé à former (2021-2025) ». S’agissant de la population des chirurgiens-dentistes, le rapport expliquait en détail l’évolution du nombre de cabinets dentaires dans l’Hexagone au cours des décennies précédentes, concluant que la pénurie était incontestable. Soulignant que l’accueil de professionnels de santé, justifiant d’un diplôme étranger, ne pouvait pas, à lui seul, inverser la tendance, l’ONDPS appelait le gouvernement à acter les besoins supplémentaires en termes de formation des dentistes. L’étude chiffrait le besoin, pour la période 2021-2025, à 7265 étudiants en odontologie soit une augmentation de 14 % « par rapport au numerus clausus total cumulé 2016-2020». Alors que cette étude a nourri bien des débats tout au long de l’année, elle a donc servi de base de travail pour cette décision gouvernementale. Cela constitue donc une avancée significative pour la profession, d’autant plus que l’ONDPS a rappelé cette nécessité dans un rapport publié le 10 décembre : « Démographie des chirurgiens-dentistes : Etat des Lieux et perspectives »
Garantir une meilleure répartition des chirurgiens-dentistes sur le territoire
Mais la désertification dentaire n’est pas une réalité pour toutes les régions de France. Certes, la densité de dentistes a diminué par rapport aux années 1990 et se révèle inférieure à celle d’autres pays européens comparables, mais cela n’empêche que certaines régions soient considérées comme sur-dotées alors que d’autres apparaissent dans une situation bien plus délicate. Tout en expliquant ne pas « savoir si les risques sont plutôt de l’ordre de sous-traitement dans les territoires sous-dotés ou de surtraitement dans les territoires les plus dotés », le rapport conclut sur la « non-satisfaction des besoins dentaires en France ».
A l’instar des débats relatifs à une meilleure répartition des médecins sur les territoires qualifiés de déserts médicaux, les autorités publiques hésitent encore et toujours entre incitation (à s’installer dans les déserts dentaires) et coercition (obligation et sanction pour encadrer les nouvelles installations), sans pour l’instant avoir pris une décision. Cependant, la création de ces 8 nouveaux centres de formation a été décidée en fonction des difficultés d’attractivité des territoires concernés, et s’accompagnera également d’un « renforcement de l’offre de soins dentaire publique dans les établissements de santé ».
En d’autres termes, non seulement le gouvernement entend anticiper les besoins de formation des nouveaux chirurgiens-dentistes tout en luttant en même temps contre la désertification dentaire. Un « en même temps », auquel veut croire le ministère de la santé, mais qui laisse cependant certains spécialistes de la Santé sceptiques et dubitatifs.
Et vous, quel regard portez-vous sur la création de ces nouveaux centres de formation en odontologie ? Estimez-vous que cette augmentation de la capacité de formation pourra dans le même temps participer à cette lutte contre la désertification dentaire ?
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