Dentistes libéraux et centres dentaires : une même profession ?

Dentistes libéraux et centres dentaires : une même profession ?

Alors que les centres de santé dont les centres dentaires se multiplient sur le territoire, certains dentistes libéraux continuent à regretter cet essor. L’opposition entre le cabinet dentaire libéral et les centres dentaires reste, en 2021, d’actualité et elle pourrait encore se renforcer dans les années à venir.

Dans l’esprit populaire, prendre rendez-vous chez un dentiste conduit les patients à se rendre chez un chirurgien-dentiste libéral. Traditionnellement, on distingue ces professionnels de santé avec leurs confrères hospitaliers. Pourtant, le cabinet dentaire peut, lui-aussi, revêtir de multiples formes. Le dentiste libéral exerçant seul est de plus en plus rare (l’exercice coordonné et le regroupement de professionnels de santé font partie des priorités du gouvernement), alors que les cabinets incluant plusieurs praticiens se font de plus en plus nombreux. De la même manière, des centres dentaires accueillent aujourd’hui les patients, qui parfois, ignorent que les chirurgiens-dentistes sont salariés de ceux-ci. Et ces centres de santé connaissent une évolution importante.

Pour les patients, ces distinctions n’ont aucune conséquence sur leur parcours de soins. Qu’il s’agisse de soins conservateurs ou d’implantologie, centres dentaires ou cabinet de dentistes libéraux poursuivent la même mission et sont soumis aux mêmes règles médicales ou déontologiques. Et pourtant, on peut sentir l’opposition sous-jacente, existant entre les uns et les autres. Il ne s’agit pas ici de prendre position ou encore moins de juger cette réalité incontestable, mais simplement d’en souligner les origines et les conséquences les plus importantes.

Les centres dentaires, une remise en cause du statut de dentiste libéral ?

Devenir chirurgien-dentiste libéral a représenté, pendant de nombreuses décennies, une véritable vocation mais aussi un facteur de « réussite sociale ». Le dentiste libéral, ouvrant son propre cabinet dentaire, concrétisait ainsi toutes ses ambitions. Naturellement, le développement des centres dentaires, au sein desquels le salariat se substituait à ce statut d’indépendant, a bouleversé cette « image d’Épinal ». Il ne s’agit pas de critiquer les conditions de travail ou les conditions de rémunération, mais simplement de prendre en compte cette distinction naturelle entre le travail indépendant d’un côté et le salariat de l’autre. Pourtant, un chirurgien-dentiste salarié dans un centre dentaire jouit de la même autonomie dans le suivi de ses patientes et de ses patients.

Cette méfiance naturelle des uns et des autres s’est rapidement transformée en défiance. Les centres dentaires expliquaient alors se développer au bénéfice des patients (égalité d’accès aux soins, soins accessibles à tous y compris aux plus précaires, …). Les dentistes, de leur côté, stigmatisaient ces centres dentaires en dénonçant leur « approche industrielle » de la santé bucco-dentaire. Et ces dernières années, les accusations des uns et des autres se sont traduites par des « faits divers », dont la profession se serait bien passée.

Des querelles révélatrices d’un état d’esprit !

Très récemment, deux centres dentaires du groupe Proxidentaire ont été fermés sur décision de l’Agence Régionale de Santé (ARS). Les procédures en cours détermineront la réalité des arguments des uns et des autres. En revanche, la position des deux parties souligne bien comment cette opposition se cristallise désormais. Pour le dirigeant de Proxidentaire, Jean-Christophe Marie, son action « dérange les chirurgiens-dentistes libéraux de Dijon qui considèrent que nous sommes des low coster du dentaire, alors que nous appliquons simplement la loi et la réforme 100 % santé et avons mis en œuvre un service de proximité qui propose des RDV en moins de 1 mois, acceptons les patients CMU et handicapés, traitons les urgences sans RDV (…) ». Pour lui, les centres dentaires dérangent la profession.

De son côté, le président de l’Ordre des Chirurgiens-dentistes de Côte d’Or a souhaité ne pas se lancer dans la polémique en expliquant simplement :  « On n’est pas dans le domaine de la concurrence, mais de la santé ! »

Et c’est bien une des raisons de cette querelle au quotidien. Les chirurgiens-dentistes libéraux comme les dentistes salariés des centres dentaires exercent leur art avec le même objectif : soigner et prendre soin de leurs patients d’une part, mais aussi vivre de leur profession d’autre part.

Enfin pour être totalement impartial et laisser à chacun et chacune le soin de se faire une opinion, il nous apparait nécessaire de rappeler la réalité de la situation. Nous aurions pu multiplier ces récits, dans lesquels des centres dentaires sont mis en cause, tout comme nous aurions eu le loisir d’évoquer les histoires, mettant en cause des dentistes libéraux, comme ce dentiste marseillais, dont le procès en 2022 fera date. Dans les deux cas, ces récits ne doivent pas cristalliser l’attention, car est-il utile de le rappeler : la quasi-totalité des chirurgiens-dentistes de France, indépendamment de leur statut, est profondément honnête et respectueuse des règles déontologiques de la profession.

Comprenez-vous et participez-vous à ce climat tendu entre le statut libéral et les centres dentaires ? Comment l’expliquez-vous ? Pourrait-on apaiser la situation ? Comment ?

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1 Commentaire

  1. Bonjour enfin un article qui ne stigmatise pas les centres dentaires ,en libéral comme en mutuelle il y a des praticiens consciencieux (et des praticiens déviants minoritaires heureusement).Personnellement si j’ai choisi de travailler dans un centre mutualiste c’est pour le salaria ,et ça ne m’enpeche pas d’être consciencieux et d’avoir de la considération pour ses patients, alors respectons le choix de vie de chacun d’entre nous,et le monde se portera mieux

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