Chirurgien-dentiste, une profession en « souffrance psychologique » ?

Chirurgien-dentiste, une profession en « souffrance psychologique » ?

C’est un sujet rarement évoqué et pourtant si présent en France à en croire les multiples études d’opinion : la souffrance des soignants en général et des chirurgiens-dentistes en particulier. Leur quotidien se complexifie au fil des décisions prises par les autorités publiques, et ces professionnels se retrouvent bien souvent seuls pour surmonter ces évolutions qui ne cessent de modifier leur activité au quotidien.

Les chirurgiens-dentistes et les soignants, des professionnels de santé sous pression

Il suffit de consulter l’actualité de la profession des dentistes et plus généralement de tous les soignants pour comprendre la complexité de leur activité au quotidien. La transformation du système de santé, une évolution continue et durable depuis des décennies, multiplie régulièrement les normes à respecter, les obligations à satisfaire, les démarches administratives à effectuer, …. Cette évolution s’est encore accélérée et intensifiée depuis mars 2020, date du début de la crise sanitaire du coronavirus.

Contraints de fermer les cabinets dentaires pendant le premier confinement, les chirurgiens-dentistes doivent désormais appliquer un protocole sanitaire strict, tout en ayant du également participer à la campagne de dépistage puis à la campagne de vaccination. Au quotidien, cela génère un stress et des inquiétudes, qui sont souvent passés sous silence, d’autant que toutes ces transformations de la profession entraînent des répercussions directes sur le mode de vie de ces professionnels de santé. Ainsi sur un plan économique, la crise sanitaire a conduit à un effondrement des revenus de ces chirurgiens-dentistes, bien que les autorités publiques aient redoublé d’efforts pour soutenir ces professionnels de santé, afin qu’ils soient prêts à accueillir à nouveau leurs patients. Même ces aides accordées peuvent être source d’inquiétude, comme on a pu le constater avec les demandes de remboursement du DIPA (Dispositif d’indemnisation de la perte d’activité), que l’Assurance Maladie adresse actuellement aux dentistes et aux autres soignants concernés.

La nécessité de se sentir accompagnés, écoutés et respectés

La dernière édition du rapport de CMV Mediforce sur le « moral des soignants » (Décembre 2020) conforte ce sentiment. Plus d’un dentiste sur deux (56 %) avoue avoir vu son « moral baissé » depuis le début de la crise sanitaire. Et quand les dentistes parlent eux-mêmes de ces contraintes de plus en plus lourdes, le constat est sans appel. Les formalités administratives notamment constituent un véritable mal-être au quotidien pour ces professionnels de la santé bucco-dentaire.

Près de 3 dentistes sur 4 (73 %)  « n’ont plus l’impression de faire vraiment leur métier  »

Pourtant, la très grande majorité des chirurgiens-dentistes (89 %) se déclarent toujours « fiers » d’exercer leur art. Ce sont donc des sentiments contradictoires, qui à la longue, peuvent éroder les vocations et les ambitions.

Certes, les dentistes ne sont pas seuls, et peuvent rejoindre un syndicat ou une association professionnelle pour réagir face à cette dégradation de leur quotidien. Car ils ont besoin d’être entendus et compris pour pouvoir surmonter toutes ces difficultés.

Parce que la profession dentaire n’est pas la seule concernée par cette « souffrance psychologique » au quotidien, l’association Soins aux Professionnels de Santé (SPS) a inauguré, le 1er septembre dernier, la Maison des Soignants à Paris (4 rue de Traktir, Paris 16ème). « Se soigner, s’informer et se ressourcer », voilà l’objectif clairement affiché de ce nouveau lieu, qui accueille tous les professionnels et les étudiants en Santé. Et un récent sondage (conduit entre mars et mai 2020) souligne à quel point les dentistes comme les autres soignants en ont besoin. 85 % de ces professionnels, toutes spécialités confondues, ressentent en effet un « mauvais état de santé ». Il fallait donc un lieu pour pouvoir extérioriser ces difficultés au quotidien, difficultés que la société ne veut pas (ou ne peut pas) entendre, surtout à un moment où le système de Santé Publique est (re)devenu une priorité nationale. L’association SPS souligne son ambition de multiplier les créations de ce type afin de mailler tout le territoire.

Et vous, ressentez-vous cette « souffrance psychologique » au quotidien ? Pensez-vous qu’un lieu réservé aux professionnels de santé peut permettre de se sentir moins isolé et moins « anxieux » face à ce quotidien surchargé ? Quelles seraient selon vous les autres solutions à envisager ?

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1 Commentaire

  1. Le retour de dentistes salariés, peu étudié par des personnes indépendantes, est que leur moral n’est pas au beau fixe non plus, voire selon certains témoignages en grande souffrance (double contrainte entre l’éthique professionnelle et leur obligation d’obéir à leur employeur). A noter que ce site est édité par une société en lien avec une enseigne de centres de santé salariant des dentistes, en concurrence directe avec les libéraux, et dont un des arguments de proposition d’emploi est de déléguer les actes administratifs à l’employeur… ce qui nuance le propos.

    Gérer l’administratif constitue une charge, certes, mais avec comme corolaire une certaine liberté d’organisation. Gérer les rapports employeur/salarié constitue un soulagement en terme de responsabilité mais on perds en liberté.

    Rien n’est noir ou blanc.

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