Le manque de chirurgiens-dentistes est avant-tout dénoncé par les patients eux-mêmes qui ne peuvent que déplorer la progression des déserts dentaires. Mais cette pénurie de professionnels de santé a bien d’autres conséquences, qui menace la stabilité de toute une profession.
La pénurie de chirurgien-dentiste, une problématique dépassant le simple aspect comptable
C’est désormais un débat récurrent, et pas une semaine ne se passe sans qu’une collectivité locale dénonce le manque criant de chirurgiens-dentistes sur son territoire. Si les professionnels de santé dénoncent les conséquences d’une politique basée pendant trop longtemps sur le numerus clausus, ils soulignent, que des années seront nécessaires avant de pouvoir « rééquilibrer » la situation. Ils insistent également sur la nécessité d’accompagner mieux la suppression du numerus clausus, et l’émergence de numerus apertus, calculé en fonction de la capacité de formation des universités d’ontologie. Dans tous les cas, les professionnels de la santé bucco-dentaire rejoignent les critiques émises par les patients dénonçant les dangers de la multiplication de ces déserts dentaires.
Mais force est de constater, que ce manque de chirurgiens-dentistes pose des problématiques bien plus complexes et renvoient également à des aspects bien éloignés (en théorie) du domaine de la santé. Ainsi, s’agissant de l’inégale répartition des chirurgiens-dentistes sur les différents territoires de l’Hexagone, le Dr Marie Biserte, chirurgien-dentiste et vice-présidente de l’URPS Chirurgiens-Dentistes Hauts-de-France, explique ainsi : « Quand on voit à la télévision que dans les milieux ruraux il y a de moins en moins de boulangeries, que les bureaux de poste ferment et que les écoles sont moins dotées d’options qu’en ville, c’est normal que les jeunes praticiens trouvent cela moins attirant. La dimension qualité de vie est loin d’être illégitime. »
Un manque de chirurgien-dentiste, confirmé par les difficultés de recrutement
Mais une récente étude, publiée en septembre 2023 et réalisée par l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL), a également souligné à quel point cette pénurie avait des impacts sur l’ensemble de la profession, quel que soit son statut et son mode d’exercice. La synthèse de cette étude (TENSIONS SUR LES RECRUTEMENTS DANS LES PROFESSIONS LIBÉRALES), qui a notamment collecté l’ensemble des données relatives aux professionnels libéraux de santé dont le chirurgiens-dentistes, a ainsi démontré que « la pression sur le recrutement en dentisterie » était une des plus fortes parmi toutes les professions libérales.Si cette pression, calculée selon des critères communs à toutes les professions, est estimée à 70 pour l’ensemble des professions libérales, elle grimpe à 79 pour les professions libérales de santé et même à 82 pour les chirurgiens-dentistes.Le pire indicateur de pression rencontré (130) correspond même aux chirurgiens-dentistes salariés. L’étude avance en partie les explications de cette réalité incontestable, en commençant par la concurrence des centres dentaires, qui emploient 80 % des chirurgiens-dentistes salariés, le manque du nombre de jeunes diplômés, l’augmentation des praticiens étrangers, qui selon l’étude « tirent les rémunérations vers le bas », … Enfin, l’étude reste avare, quand il s’agit d’évoquer les raisons d’espérer. La durée nécessaire pour « inverser la tendance » serait, selon certains observateurs, trop longue pour pouvoir voir un redressement de la situation à moyen terme. Est-ce à dire, que les besoins (notamment en termes de formation des futurs chirurgiens-dentistes) doivent être revus à la hausse ? Probablement. Nul doute que la question sera au cœur des débats dans quelques semaines.
Et vous constatez-vous au quotidien cette pression pour le recrutement de chirurgiens-dentistes ? Estimez-vous que la situation soit à ce point complexe, qu’il devienne difficile d’espérer ?
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