Le diplôme de chirurgien-dentiste : le même pour tous les professionnels ?

Le diplôme de chirurgien-dentiste : le même pour tous les professionnels ?

En France, l’Ordre des chirurgiens-dentistes enregistre désormais davantage de professionnels formés dans l’Union européenne que d’étudiants français. Une situation, qui interroge et qui inquiète les professionnels. La qualité des formations est ainsi remise en cause.

Le diplôme d’Etat de docteur en chirurgie dentaire pour pouvoir exercer

Obtenir le diplôme d’Etat de Docteur en Chirurgie dentaire constitue le sésame indispensable pour pouvoir exercer en tant que chirurgien-dentiste libéral ou hospitalier.  La règle est donc simple, même si elle a, depuis plusieurs années, connu de nombreuses entorses, conduisant à une situation, que les professionnels eux-mêmes jugent dangereuse et à risque. En effet, la législation prévoit une reconnaissance automatique des diplômes obtenus au sein de l’Union européenne. Théoriquement, l’Ordre national se révèle être toujours responsable du contrôle du niveau de compétences de ces professionnels formés à l’étranger.

Le problème se situe dans la faiblesse nu nombre de diplômes délivrés en France ces dernières années. Certes, le numerus clausus a été abandonné au profit du numerus apertus. Conscientes de ces difficultés, les autorités publiques ont multiplié ces dernières années la création de nouvelles universités d’odontologie. Mais cela se révèle insuffisant, et la France a besoin, pour pouvoir répondre, aux besoins et aux demandes des patientes et des patients de chirurgiens-dentistes formés à l’étranger. Cela peut constituer une opportunité pour les étudiants étrangers désireux de s’installer en France. Mais cela répond également à une attente forte de certains candidats à des études en odontologie, refusés dans les universités françaises faute de place. Les étudiants français, partant étudier dans un autre pays européen pour revenir exercer en France, se multiplient. Depuis trois ans, l’Ordre de la profession enregistre ainsi davantage de professionnels diplômés à l’étranger que de docteurs en chirurgie dentaire issu du cursus français.

La qualité des formations en question : les professionnels s’interrogent !

Dans ces conditions, de nombreux chirurgiens-dentistes s’interrogent quant à la qualité de toutes ces formations dispensées à l’étranger. D’autant plus que certains pays ont organisé des filières, spécialement destinées à accueillir les étudiants français, comme en Espagne, au Portugal ou encore en Roumanie. Toutes les formations (et par conséquent) tous les diplômes se valent-ils ? La réponse est négative quand on écoute les instances représentatives de la profession.

Interrogé par les journalistes de 20 Minutes, Alain Durand, président national de l’Ordre des Chirurgiens-dentistes, confirme ces inquiétudes : « Certaines formations sont incomplètes, c’est un désastre : on a des gens peu scrupuleux qui travaillent dans des centres pour faire du fric et qui mutilent des gens »

C’est pourquoi l’Ordre travaille sur une évolution des règles pour remettre en cause la reconnaissance automatique de ces diplômes. La solution envisagée serait un contrôle strict des compétences acquises pour chacun des professionnels, avec une obligation de formation en cas de manquement ou de lacune. Il faut dire, que ces attentes sont anciennes, puisqu’en 2021 un rapport officiel soulevait déjà la «  question de la qualité de la formation et de l’harmonisation des formations cliniques ».

Vers une évolution de la reconnaissance des diplômes de l’Union européenne ?

Pour Alain Durand, l’objectif doit être ambitieux et permettre de garantir la sécurité des patients :

« On est confronté à un sous-niveau incroyable et c’est pour cela qu’on veut niveler par le haut ».

En revanche, le président de l’Ordre national n’entend pas adopter une approche générale, préférant identifier les centres de formation posant problèmes. « On ne peut pas discriminer les pays, tout dépend des universités. En Roumanie il y a de très bonnes facs et aussi de très mauvaises. »

Le sujet est d’autant plus important, que toutes les estimations soulignent que le nombre de chirurgiens-dentistes à « recruter » en France va fortement progresser jusque 2032, date à partir de laquelle il commencera à diminuer lentement. Quand on sait qu’un cursus pour devenir chirurgien-dentiste dure 6 ans, on ne peut que s’inquiéter de l’urgence à adopter un tel système, voire à s’interroger sur la pertinence même de ce dernier …

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