La « pression du chiffre » impacte-t-elle les chirurgiens-dentistes ?

La « pression du chiffre » impacte-t-elle les chirurgiens-dentistes ?

Lorsqu’un jeune diplômé cherche à se lancer dans l’aventure du libéral, il élabore un prévisionnel. Au quotidien aussi, ces données financières sont essentielles à la réussite d’un chirurgien-dentiste libéral ou à la survie d’un cabinet dentaire. Alors ces professionnels sont-ils soumis à une « pression du chiffre » comme déjà dénoncée dans tant d’autres secteurs d’activité ?

Les revenus des chirurgiens-dentistes, un rebond après la crise sanitaire

Comme tous les professionnels de santé et plus généralement comme tous les professionnels, les chirurgiens-dentistes ont été fortement impactés par les confinements, couvre-feux et autres protocoles sanitaires pendant la crise du Coronavirus. Non seulement l’activité des cabinets dentaires a été empêchée, mais cette perturbation engendrait des conséquences néfastes sur les revenus des chirurgiens-dentistes. Ainsi, si les revenus moyens de la profession diminuaient de 1.86 % en 2019, ils enregistraient un nouveau recul de 2.9 % en  2020. La caisse des retraites des chirurgiens-dentistes (La CARCDSF) a confirmé, en publiant récemment ses statistiques, le redressement de la situation. Les revenus avant impôt 2021 s’élevaient en moyenne à 121.336 €€, marquant ainsi une hausse de 14.51 % par rapport à l’année précédente.

L’analyse détaillé de ces statistiques conduit à souligner l’effet de rattrapage (de nombreux soins bucco-dentaires ont été reportés pendant la crise sanitaire) mais aussi l’impact non négligeable du déploiement total des dispositifs 100 % Santé. Parmi tous les indicateurs ainsi établis, le revenu médian des chirurgiens-dentistes apparait comme encore plus révélateur de la réalité du quotidien. Ce dernier bondit de 16.11 % à 97. 223 €

Les cabinets dentaires soumis à la pression des résultats économiques ?

Alors que la profession est engagée, depuis quelques jours, dans des négociations conventionnelles avec l’Assurance Maladie, elle ne souhaite pas que ce redressement masque les difficultés quotidienne des professionnels de santé. Les évolutions du système de santé en général et de la santé bucco-dentaire en particulier se multiplient ces dernières semaines (délégation des compétences et des tâches,  création d’un nouveau statut d’assistante dentaire de niveau 2, nouveau durcissement pour le contrôle des centres de santé et des centres dentaires, …). Les professionnels libéraux de santé en général et les chirurgiens-dentistes en particulier alertent, depuis des mois voire des années, sur les aspects financiers de leur activité. Si le code de la santé publique pose le principe que ces professionnels de santé ne doivent  «pas exercer leur activité comme un commerce », ils soulignent en revanche, qu’ils sont tenus d’atteindre un équilibre financier ? Une « pression du chiffre », que dénoncent de plus en plus de professionnels de santé. S’agissant des chirurgiens-dentistes, la profession souligne également l’importance des investissements à réaliser pour pouvoir aménager un cabinet dentaire, un investissement qu’il faut parfois ajouter aux frais de scolarité des jeunes diplômés (dont une grande partie s’est expatriée pour pouvoir concrétiser leur rêve).

N’est-ce pas le discours, qui a animé les rangs de l’Assemblée Nationale, quand en 2022 se discutaient l’avenir des centres de santé. Les modèles gérés par des organismes à but non lucratif soulignaient l’impossibilité de ne pas recourir au déficit pour pouvoir accueillir tous les patients, alors que les centres de santé à but lucratif dénonçaient la contradiction apparente du système su paiement à l’acte, conduisant à devoir augmenter sans cesse le nombre de consultations. Ce qui serait admis pour les centres de santé ne le serait pas pour les chirurgiens-dentistes libéraux ? Toujours est-il, que cette « pression  du chiffre » est de plus en plus souvent citée quand on interroge les professionnels libéraux de santé sur leurs conditions de travail. Peut-être explique-t-elle aussi en partie la tendance de ces dernières années, amenant de plus en plus de chirurgiens-dentistes à choisir la voie du salariat plutôt que celui du libéral ?

Et vous, ressentez-vous cette « pression du chiffre » ? Quelle évolution à ce sujet avez-vous pu constater ces dernières années ? Selon vous, existe-t-il des pistes à creuser pour atténuer cette pression ?

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