C’est une question récurrente, à laquelle il est si difficile d’apporter une réponse claire et tranchée. Cependant, c’est aussi une question légitime et naturelle à un moment où de plus en plus de chirurgiens-dentistes formés à l’étranger viennent exercer en France.
Pourquoi les chirurgiens-dentistes diplômés à l’étranger sont-ils de plus en plus nombreux ?
La réponse à cette question semble évidente, tant la lutte contre les déserts médicaux s’impose comme l’une des priorités du ministère de la Santé depuis de nombreuses années. Et la tendance ne devrait pas s’inverser à court terme, dans la mesure où la France enregistre une des densités de chirurgiens-dentistes les plus faibles d’Europe (Eurostat). Ainsi, si un tiers des nouveaux praticiens avait obtenu leur diplôme au sein de l’union européenne en 2015, c’est désormais le cas de plus de la moitié des nouveaux praticiens (chiffres de 2022). Cela soulève de multiples questions à commencer par l’attractivité des études en odontologie dans l’Hexagone, comme nous l’avons déjà évoqué. Ainsi sur les 1313 chirurgiens-dentistes diplômés au sein de l’Union européenne et s’étant installé en France en 2022, 687 étaient des étudiants Français revenant d’Espagne, de Belgique ou de Roumanie.
Mais cela pose également la question de la qualité de la formation suivie par ces nouveaux praticiens ? Les textes européens posent le principe de reconnaissance automatique des diplômes pour les pays ayant signé les différents accords en la matière. Si cette question divise fréquemment les professionnels de santé, elle revient aujourd’hui au cœur des débats, suite à l’intervention du ministre de la Santé belge.
Les chirurgiens-dentistes formés à l’étranger sont-ils à la hauteur ?
La question peut choquer ou heurter, mais beaucoup de patients mais aussi de professionnels se la posent. Comme en France, la Belgique accueille chaque année de nombreux chirurgiens-dentistes diplômés dans un autre pays de l’Union européenne. Alors que la Belgique peine à former suffisamment de chirurgiens-dentistes au regard de ses besoins, on peut cependant souligner que le pays fait partie des destinations privilégiées par de nombreux étudiants français pour obtenir le précieux diplôme. Cela peut apparaitre comme paradoxal. L’Association flamande des dentistes est donc, en Belgique, responsable du contrôle des compétences et connaissances de ces professionnels ayant obtenu leur diplôme en dehors des centres de formations belges. Le président de cette association, M Frank Herrebout a ainsi alerté son gouvernement sur les problématiques rencontrées avec les professionnels ayant obtenu leur diplôme en Roumanie. Il explique ainsi que lorsque ces derniers « se présentent devant la commission de reconnaissance, ils ne peuvent pas répondre aux questions les plus simples ». Pourtant, comme tous les autres pays européens, dont la France, la Belgique reconnait automatiquement le diplôme roumain. Le ministre des affaires sociales et de la santé belge, M. Vandenbroucke, s’est donc saisi du problème, en expliquant par communiqué de presse (daté du 24 aout) : « Nous avons pris contact avec nos collègues roumains, les discussions ont été constructives et des solutions sont en cours d’élaboration pour garantir la qualité et l’authenticité des diplômes des dentistes ». Une problématique, qui pourrait s’inviter dans les débats en France, en relançant la délicate question de la formation des professionnels de santé en général et des chirurgiens-dentistes en particulier mais aussi celle de la qualité des formations dans chacun des pays concernés.
Et vous, comprenez-vous les questions que se posent les dentistes et les autorités publiques belges ? Estimez-vous, que la formation des chirurgiens-dentistes en Europe soit du même niveau et de la même qualité dans tous les pays concernés ? Pensez-vous qu’il faille prendre des mesures pour sécuriser notre système de santé ? Lesquelles ?