Informatique et numérique au sein du cabinet dentaire, progrès ou danger ?

Informatique et numérique au sein du cabinet dentaire, progrès ou danger ?

L’informatisation du cabinet dentaire n’est plus aujourd’hui une option mais bien une obligation. Pourtant, des questions se posent aujourd’hui quant à la trop grande dépendance des professionnels de santé vis-à-vis de ces outils innovants.

Informatique et numérique au quotidien dans un cabinet dentaire

Bien que la dentisterie numérique, notamment, constitue une innovation importante pour les dentistes d’aujourd’hui, intéressons-nous aujourd’hui à l’informatique et au numérique, qui ont envahi le cabinet dentaire. Au quotidien, les chirurgiens-dentistes doivent faire face à 3 temps distincts, caractéristiques de leur activité :

  • Les soins, durant lesquels le dentiste est aux côtés de son patient,
  • Les obligations administratives, qui regroupent l’ensemble des tâches nécessaires à la gestion du cabinet dentaire (la gestion des dossiers des patients, la gestion des stocks, le management éventuel des équipes, …)
  • La nécessité comptable, dont le pointage des remboursements de l’Assurance Maladie et des mutuelles constitue une part essentielle.

Pour les deux dernières tâches (l’administratif et la comptabilité), l’informatique a grandement contribué à améliorer le quotidien des dentistes, en accélérant ce travail souvent considéré comme long et fastidieux. L’informatisation et la numérisation du cabinet dentaire ne sont plus des options mais s’imposent comme la nouvelle règle de fonctionnement, depuis que les ordonnances Juppé de 1996 imposent aux professionnels de santé, dont les chirurgiens-dentistes d’« être en mesure, chacun pour ce qui le concerne, d’émettre, de signer, de recevoir et de traiter des feuilles de soins électroniques ou documents assimilés conformes à la réglementation ».

Les outils numériques dans un cabinet dentaire et les nouvelles obligations faites au chirurgien-dentiste ?

Outre la fiabilité et la rapidité des opérations effectuées par les outils informatiques, qui éliminent le risque d’erreurs humaines, ces innovations ont également permis aux cabinets dentaires de mettre en œuvre des processus de sauvegarde régulière pour ne plus rien perdre des données nécessaires. Non seulement l’informatisation du cabinet dentaire est devenue une obligation légale (feuilles de soins électroniques) mais elle s’est imposée comme un socle de l’efficacité de traitement au quotidien. Si un chirurgien-dentiste des années 1960 ou 1970 devait exercer son art aujourd’hui, il serait stupéfait par les innombrables innovations dans le domaine des soins bucco-dentaires et serait perdu dans la gestion administrative et comptable de son activité.

En revanche, il serait trompeur de ne pas souligner les inconvénients de cette numérisation et cette digitalisation du centre dentaire. Documents contenant des données de santé et donc caractérisées de sensibles, les feuilles de soins électroniques comme les dossiers de soins des patients doivent être sécurisés et confidentiels. Le professionnel de santé est responsable de cette protection des données, notamment dans le cadre de la RGPD. De nouvelles obligations lui sont faites en la matière.  

Le chirurgien-dentiste peut-il se passer de l’outil informatique au quotidien ?

 En 3 décennies, l’informatique et le numérique ont donc révolutionné le cabinet dentaire dans ses aspects de gestion administrative et comptable. Si les progrès sont incontestables, la question d’une trop grande dépendance vis-à-vis de ces outils innovants est posée. En d’autres termes, le chirurgien-dentiste serait-il capable de poursuivre son activité en cas de défaillance générale de ces outils informatiques ? Cette question revient régulièrement dans le débat quand il s’agit des professionnels de santé, puisqu’elle interroge notre système de santé publique, et deux événements récents contribuent à alimenter les débats.

Au mois de février dernier, l’hôpital Nord-Ouest, l’hôpital de Villefranche-sur-Saône, a été victime d’une Cyber attaque, qui a rendu l’ensemble des outils informatiques inopérants.  Pendant plusieurs semaines, il a été impossible pour le personnel hospitalier d’accéder aux dossiers de soins des patients, aux agendas pour la gestion des rendez-vous, …. Que se passerait-il si une telle attaque malveillante ciblait les cabinets dentaires plutôt que les hôpitaux ?

En mars, ce sont des serveurs d’un célèbre prestataire informatique qui ont disparu sous les flammes, privant de nombreux professionnels de leurs outils numériques. Pour les cabinets dentaires, le plus dramatique ne se situe pas au niveau du site Internet du cabinet dentaire mais bien à la capacité d’accéder aux services « Cloud ». Ainsi, cet incendie a fait disparaitre pour certains l’accès à l’agenda de prise de rendez-vous, pour d’autres l’accès aux dossiers comptables, ….

Les autorités sanitaires ont immédiatement réagi en publiant des guides de bonnes pratiques, mais aussi en assurant que des travaux de concertation seraient rapidement organisés pour renforcer cette sécurité informatique.

Et vous, estimez-vous que cette dépendance vis-à-vis des outils innovants représente un danger pour votre cabinet dentaire ? Quelles seraient selon vous les mesures à prendre pour sécuriser cette situation ?

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