Devenir chirurgien-dentiste, une sélection financière qui ne dit pas son nom ?

Devenir chirurgien-dentiste, une sélection financière qui ne dit pas son nom ?

 

Entreprendre des études pour devenir chirurgien-dentiste répond souvent à une vocation. Pourtant, l’étudiant ou l’étudiante sera très rapidement confrontée à une sélection faite sur des critères purement …financiers.

Alors que de nombreux dentistes sont (ou se préparent à partir) en vacances, les étudiants ambitionnant de décrocher le diplôme d’Etat de Docteur en chirurgie dentaire, se concentrent sur leur orientation. On ne reviendra pas sur l’organisation de ces études en odontologie, mais les futurs dentistes s’interrogeront cependant sur les débouchés et les opportunités, qui s’offriront à eux une fois leurs études terminées. Et c’est une véritable projection dans l’avenir, puisqu’entre l’entrée à l’université et la possibilité d’exercer en tant que chirurgien-dentiste, il se sera passé un minimum de 6 années.

Pour les aider dans leur réflexion, le récent (mars 2021) rapport de la DRESS   « Quelle démographie récente et à venir pour les professions médicales et pharmaceutiques ? Constat et Projections démographiques » dresse un état des lieux de la profession et autorise quelques projections, en prenant en compte de multiples éléments : nombre d’étudiants formés chaque année, prévision de la hausse de la demande de soins bucco-dentaires, nombre de dentistes à l’âge de la retraite, … En 2021, les chirurgiens-dentistes âgés de 50 ans ou plus représentent ainsi 43.10 % des 42.031 professionnels recensés. Leur remplacement dans les années à venir constituera donc un véritable défi pour la profession.

Au-delà de ces projections dans l’avenir, l’étudiant en odontologie devra aussi et surtout se positionner face à deux questions, qui ne manqueront pas de se poser à lui à très court terme. Deux interrogations, qui soulignent un paradoxe.

Partir étudier à l’étranger ? Une opportunité pour devenir chirurgien-dentiste

 

Face aux besoins de nouveaux chirurgiens-dentistes, les capacités de formation en France se révèlent insuffisantes. Le ministère de la Santé estime ainsi, que sans l’arrivée de professionnels diplômés à l’étranger, le nombre de dentistes reculerait jusqu’en 2030, et qu’entre 2020 et 2050, la hausse du nombre de professionnels peinerait à atteindre 5 %. Les mêmes projections soulignent, dans le même temps, que la hausse de dentistes entre 2020 et 2050 sera de 46 %. La France a donc besoin de dentistes formés à l’étranger. Et parmi ces derniers, de nombreux professionnels sont des étudiants français ayant volontairement choisi l’expatriation pour pouvoir exercer leur vocation.

Partir étudier à l’étranger est une question fréquente pour tous les étudiants en santé, car la situation ne concerne pas seulement les dentistes. C’est un choix lourd de conséquences et difficile à faire, même si la sélectivité du système d’enseignement français pousse de plus en plus d’étudiants à envisager cette possibilité. Pour certains professionnels, ce choix de l’expatriation représente un obstacle infranchissable (coût des études, contraintes matérielles, …) pour de nombreux étudiants, introduisant une sélection par l’argent. En 2021, on compte 2.000 dentistes français avec un diplôme obtenu hors de France.

 Étudier en région pour se rapprocher de son prochain lieu d’exercice !

 

Dans sa réflexion, l’étudiant sera également confronté à une autre interrogation, s’il décide de suivre sa formation en France. En effet, les problématiques de désertification médicale et dentaire ont poussé les collectivités locales à multiplier les initiatives pour attirer les chirurgiens-dentistes sur leur territoire. Ces incitations peuvent prendre de multiples formes, comme notamment la prise en charge (totale ou partielle) des frais de scolarité en échange d’un engagement de l’étudiant à travailler pendant xx années sur le territoire qui l’a accueilli. Pour l’étudiant, l’offre peut être alléchante, d’autant plus qu’elle peut se doubler d’aides matérielles et financières quand le moment de créer son propre cabinet dentaire sera arrivé.

Naturellement si certaines collectivités parviendront à leurs fins, cela se fera nécessairement au détriment d’autres, qui verront la question de leur propre désert dentaire s’aggraver. Là encore, certains professionnels dénoncent une « sélection financière », insuffisante selon eux pour régler de manière globale cette question délicate de la répartition démographique des chirurgiens-dentistes.

 

Dans les deux cas, l’étudiant doit se positionner pour une solution, qui ne sera pas sans conséquence sur sa future carrière professionnelle. Deux possibilités radicalement différentes pour un même objectif : devenir chirurgien-dentiste.

 

Estimez-vous également que ces deux opportunités biaisent le choix de l’étudiant ? Quelles seraient selon vous les évolutions à adopter pour faire évoluer ce système en réduisant les sélections financières ?

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