Pourquoi les chirurgiens-dentistes ont des idées noires ?

Pourquoi les chirurgiens-dentistes ont des idées noires ?

La profession a connu de profondes transformations au fil de ces dernières années. Une évolution qui conduit de nombreux chirurgiens-dentistes libéraux à dénoncer une dégradation de leurs conditions d’exercice. Face à ce constat, le gouvernement semble vouloir privilégier l’appel de professionnels étrangers, ce qui aggrave le malaise de toute une profession.

Être chirurgien-dentiste libéral en 2023, une profession de moins en moins attrayante …

La profession de chirurgien-dentiste s’est profondément transformée depuis plusieurs années notamment avec les innovations techniques et technologiques. Mais les cabinets dentaires ont également dû s’adapter aux nouvelles attentes des patients, tout en répondant aux exigences de plus en plus fortes des autorités publiques. C’est ce qu’explique Rémi Brunel, chirurgien-dentiste à Paris, interviewé par les journalistes de Libération. Il détaille également les difficultés de plus en plus contraignantes, pesant sur les chirurgiens-dentistes libéraux en expliquant : « Aujourd’hui, l’exercice libéral s’est compliqué. Avec le principe de précaution est arrivé une avalanche d’obligations toutes plus justifiées les unes que les autres mais dont la somme pèse lourd sur de petites structures : formation à la radioprotection, évacuation des déchets, accessibilité, obligation de formation continue, renchérissement des assurances professionnelles… »

Toutes ces évolutions conduisent le chirurgien-dentiste libéral à regretter la situation, dans laquelle se trouve la situation. Une situation qui a vu se multiplier certaines pratiques contraires à la déontologie de la profession – et on pense naturellement au chirurgien-dentiste de Marseille, dont le procès très médiatisé a jeté l’opprobre sur toute une profession – et qui a donc conduit les autorités publiques à réagir, quitte à aggraver un peu plus le moral des professionnels de santé. « Ceci a servi de marchepied à un encadrement et un plafonnement de l’activité conventionnée rendant plus difficile la rentabilité des cabinets et leur exercice de moins en moins libéral » Les conséquences de cette réalité sont visibles avec de moins en moins de professionnels s’engageant pour remplacer les chirurgiens-dentistes partant à la retraite. Le chirurgien-dentiste Rémi Brunel comprend ces jeunes confrères, qui préfèrent le salariat plutôt que l’activité libérale, privilégiant leur qualité de vie au détriment des réponses à apporter aux besoins des patients.

Trouver de nouveaux chirurgiens-dentistes en France, des solutions remises en cause par la profession

Face à ce constat, partagé par tous les acteurs concernés, les autorités publiques ont déjà multiplié les initiatives, que ce soit en augmentant les capacités d’accueil dans les universités en charge de la formation des chirurgiens-dentistes de demain ou en allégeant les obligations administratives et réglementaires des chirurgiens-dentistes pour « libérer du temps médical ». Mais cela ne suffira pas à apporter une réponse rapide, durable et efficiente. Aussi, dans le but de pouvoir attester de résultats dans les meilleurs délais, le gouvernement souhaite amplifier la venue de professionnels de santé étrangers, une voie privilégiée, selon lui, pour pallier la pénurie de dentistes mais aussi de médecins ou de soignants en général.

La volonté de créer un titre de séjour « métiers en tension » et un second « Talent Professions Médicales et de la Pharmacie » concrétise cette ambition. Cela ne concerne donc pas uniquement la profession de chirurgien-dentiste. En revanche, tous les professionnels de santé s’insurgent contre cette décision, en en soulignant les effets pervers. Pour certains, attirer les professionnels de santé d’autres pays revient à renforcer la désorganisation des systèmes de santé de ces territoires. Pour d’autres, l’appel lancé aux chirurgiens-dentistes étrangers ne répond qu’aux attentes des centres dentaires en recherche de professionnels salariés. De son côté, le SCFD (Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes) dénonce une telle proposition en s’interrogeant : « Que va devenir notre diplôme national ? Que deviennent les dispositifs de reconnaissance des diplômes, d’accès partiel ? »

Cette levée de boucliers offre  l’avantage de souligner que la profession semble être unanime sur le sujet. Pourtant, il faut trouver des solutions, dont les résultats devront être constatés dans les meilleurs délais. Comment pallier le manque de chirurgiens-dentistes sur certains territoires de l’Hexagone ?

Et vous, estimez-vous aussi que l’évolution du métier de chirurgien-dentiste libéral explique la désaffection des jeunes diplômés ? Que pensez-vous de cette ambition de massifier l’appel aux professionnels étrangers pour venir répondre à la pénurie de professionnels de santé ?

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