Depuis des années, les autorités publiques incitent les professionnels de santé à développer les relations interprofessionnelles. Ces incitations ne sont pas, selon certains décideurs, suffisamment développés, et certains proposent ainsi de rendre celles-ci plus contraignantes et systématiques.
Le chirurgien-dentiste libéral, vers la fin de l’exercice en solitaire ?
Traditionnellement, le chirurgien-dentiste libéral exerçait seul dans son cabinet dentaire, qu’il avait lui-même créé ou rejoint après avoir obtenu le précieux diplôme de docteur en chirurgie dentaire. On a déjà évoqué la transformation de l’exercice de ces professionnels de la santé bucco-dentaire. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux, et ce depuis le début des années 2010, à choisir le salariat pour exercer leur art. Les centres dentaires, dans lesquels les chirurgiens-dentistes peuvent bénéficier des avantages du salariat tout en restant libre et indépendant en ce qui concerne leur pratique professionnelle, ont participé à lutter contre la désertification bucco-dentaire.
Mais plus qu’un mode d’exercice c’est l’esprit même présidant au choix de ces chirurgiens-dentistes et plus généralement de tous les professionnels de santé qui est remis en cause. Bien avant la crise sanitaire du coronavirus, Emmanuel Macron, président de la république avait ainsi expliqué, au cours du lancement de la réforme Ma Santé 2022 : « L’exercice solitaire doit devenir une aberration ». Depuis, le ministère de la santé a multiplié les efforts pour concrétiser cette ambition pour l’avenir de notre système de santé. Plutôt que d’exercer seul, les professionnels de santé doivent prendre l’habitude de collaborer davantage dans le seul objectif d’améliorer le parcours de soins des patients.
Les chirurgiens-dentistes appelés à rejoindre les CPTS et autres organisations interprofessionnelles
L’objectif est désormais connu de tous, et une récente proposition de loi déposée par les députés des groupes politiques Renaissance et Horizons, souhaite aller encore plus loin dans cette nécessaire adaptation du milieu de la santé. Dans les présentations de la loi, les auteurs écrivent ainsi : « 87 % du territoire est un désert médical, résultat d’une longue fragilisation du système de santé et d’aspirations professionnelles des nouvelles générations jusqu’à présent mal anticipées. ». Au vu des prévisions démographiques, la situation n’est pas tenable selon les députés, et le système de santé doit rapidement s’adapter à cette réalité inquiétante. C’est pourquoi la proposition de loi ambitionne d’obliger tous les professionnels de santé libéraux à être rattachés automatiquement à une Communauté Professionnelle territoriale de Santé (CPTS). Initiées par la réforme de 2018, ces CPTS doivent assurer d’améliorer les parcours de soins en ville mais aussi d’optimiser la coordination entre la médecine de ville et l’hôpital. Aujourd’hui, les professionnels libéraux de santé de ces CPTS sont tous des volontaires. Et les chirurgiens-dentistes ne représentent que 5 % des effectifs.
Pour les auteurs de la proposition de loi, une telle mesure (rattachement obligatoire de tous les soignants sauf avis contraire de leur part) permettrait d’ « Encourager la coordination entre ville et hôpital, entre libéraux et salariés, tout en impliquant les élus locaux et permettre aux professionnels de s’organiser entre eux, en fonction des besoins du territoire dans lequel ils exercent ». De leur côté, les chirurgiens-dentistes comme d’autres professions de santé soulignent que la force et l’intérêt de ces CPTS résident notamment dans le volontarisme et le dynamisme des membres qui composent ces communautés. Ils doutent donc qu’une inscription systématique (bien que non-obligatoire) puisse participer à ce foisonnement de projets, idéal à l’origine de la création de ces CPTS.
Et vous, participez-vous déjà une CPTS ? Comment jugez-vous cette proposition d’être rattaché systématiquement à une telle communauté ? Pensez-vous que ce rattachement automatique peut permettre d’améliorer la prise en charge des patients ? Pourquoi ? Comment ?
Partager un commentaire
