Les étudiants en faculté de chirurgie dentaire : une inquiétude pour l’avenir ?
Entre la crise sanitaire, qui a grandement perturbé le cursus des futurs chirurgiens-dentistes et la réforme des études de santé, les étudiants en odontologie s’inquiètent pour la qualité de leur formation et donc pour leur avenir.
La réforme des études de santé, quel impact pour les futurs chirurgiens-dentistes
Avec la loi sur l’organisation et la transformation du Système de Santé du 24 juillet 2019, la promesse de réformer les études de santé est devenue une réalité. Ainsi, depuis la rentrée 2020, les étudiants n’auront plus à redouter les « terrifiants QCM » de la PACES (Première Année Commune aux Etudes de Santé) puisque celle-ci a été supprimée. Le futur dentiste doit donc désormais s’engager dans un Parcours Santé, le PASS, ou alors choisir une autre filière en optant pour une « mineure santé » (LAS). La volonté affichée des autorités publiques d’élargir la diversité des profils est manifeste, puisqu’à terme le Ministère de la Santé ambitionne 30 à 40 % d’étudiants en odontologie, médecine ou maïeutique provenant d’une autre licence.
En théorie, cette loi de 2019 pose aussi le principe de la suppression du numerus clausus, tant décrié par de nombreux professionnels de santé. Ce n’est donc plu à l’Etat de définir le nombre de chirurgiens-dentistes à former en fonction de sa politique de santé, mais bien aux administrations locales (universités et Autorité Régionale de Santé) de déterminer la capacité d’accueil de ces étudiants sur chaque territoire.
Des réactions mitigées et contrastées en pleine période de crise sanitaire
Les 16 unités de formation (et de recherche) en chirurgie dentaire de France métropolitaine se sont donc adaptées à ces évolutions, même si ces adaptations ne répondent pas aux enjeux de la Santé de demain tant pour les étudiants que pour certains dirigeants d’universités. Mme Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a même dû réunir en urgence les parties prenantes de ces études en santé pour apaiser une situation qui se crispe de plus en plus.
Ainsi, si le Ministère annonce une hausse de 9 à 10 % des capacités d’accueil au-delà de cette première année, les universités comme les étudiants, eux, estiment qu’une hausse de 33 % serait nécessaire pour faire face à cette période de transition. Pour les étudiants, la suppression officielle du numerus clausus n’a pas mis fin à une très forte sélectivité, alors même qu’ils soulignent que le nouveau dispositif peine à être pleinement compris de toutes et tous. C’est d’autant plus difficile pour cette nouvelle promotion de chirurgiens-dentistes, sages-femmes, médecins, …., que la rentrée 2020 a été organisée, en pleine crise sanitaire, une situation qui n’a pas participé à l’apaisement des tensions.
Étudier pour devenir chirurgien-dentiste en 2021, la peur d’une formation au rabais !
Les étudiants en odontologie ne sont pas les seuls à pâtir de cette réalité. Ainsi, dans sa lettre ouverte, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) soulignait que si 15 % des étudiants dentistes avaient consulté un spécialiste de la santé mentale ces derniers mois, 31 % des élèves infirmiers auraient pris des anxiolytiques. Entre le confinement brutal du printemps 2020 (et l’arrêt du parcours de formation), l’appel à mobilisation de tous les étudiants en santé pour faire face à l’épidémie et l’évolution du cursus de ces études de santé, les étudiants souffrent d’une situation aussi complexe qu’anxiogène.
Car, entre la suspension de tous les stages, le passage du présentiel au distanciel et les difficultés pour certains établissements de garantir la continuité pédagogique des cursus, les inquiétudes se font de plus en plus grandes chez certains étudiants des Facultés de chirurgie dentaire. C’est ce qu’a confirmé un étudiant de la faculté dentaire de Lille aux journalistes du Monde :
« J’ai déjà un an et demi de formation clinique derrière moi et le chirurgien-dentiste chez qui j’interviens m’aide à combler mes lacunes. Mais cela va être une catastrophe dans un an quand la promotion d’après arrivera en cabinet. »
Et vous, que pensez-vous de cette réforme des études de santé ? Et de la suppression du numerus clausus ? Pensez-vous que les étudiants d’aujourd’hui constituent une promotion « sacrifiée » ?
Partager un commentaire